À l’approche du Ramadan, les Libyens s’apprêtent à se priver de leur dose de café quotidienne, qui est une véritable boisson nationale. Dès le coucher du soleil, les Libyens se ruent vers les innombrables cafés de la capitale, pour y ingurgiter des quantités impressionnantes de café. 

Espresso, lungo ou ristretto? Seul pays arabe colonisé par les Italiens, la Libye, comme ses anciens occupants, ne badine pas avec les nuances de café. À l’approche du ramadan, les jeûneurs se préparent à se priver de leur dose de caféine pendant la journée.

Comme tous les musulmans pratiquants, les Libyens observent le jeûne durant le mois du ramadan qui commence en fin de semaine. Du lever au coucher du soleil, il leur est interdit de manger et de boire, y compris évidemment du café.

Dans le centre de la capitale Tripoli, des hommes, plus rarement des femmes, se réunissent devant les innombrables cafés, souvent de minuscules échoppes équipées d’imposantes machines très sophistiquées venues d’Italie.

" Le café que les Libyens boivent en 16 heures en temps normal, ils le boivent en deux heures pendant le ramadan, après le coucher du soleil ", s’amuse Mohamed Zourgani, qui tient un café au cœur de la médina, la vieille ville.

Dans le centre de la capitale Tripoli, des hommes, plus rarement des femmes, se réunissent devant les innombrables cafés, souvent de minuscules échoppes équipées d’imposantes machines très sophistiquées venues d’Italie. (AFP)

La tradition du café remonte au XVe siècle en Libye. Cultivés au Yémen, les grains voyageaient de la péninsule arabique vers l’Europe notamment via la Libye. Puis, sous l’influence des Italiens, succédant aux Ottomans en 1911, les Libyens adoptent le fameux espresso en plus de l’épais café turc, qu’ils appellent " café arabe ".

" L’ancienne génération est encore attachée au café arabe mais les jeunes commandent surtout de l’espresso ou du macchiato " (café surmonté d’une mousse de lait), raconte Mohamed Zourgani, pendant que ses employés versent à tour de bras l’aromatique liquide noir dans des gobelets en carton.

" Même en pleine guerre, les Libyens ne peuvent pas se passer de leur café ", ironise le jeune patron, en référence aux violences armées qui ont secoué le pays depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, à la faveur de la révolution de 2011.

À Tripoli, la vie a repris et les cafés font le plein. Sur une terrasse ou un bout de trottoir, on installe parfois des tables de bar autour desquelles, sirotant une " tazza " de café à moins d’un euro, on se raconte la journée ou on se désole du chaos politique.

Sami Erchoff avec AFP