Une " explosion " vendredi près d’un aéroport du Kurdistan d’Irak a provoqué un incendie, tandis que des responsables de cette région frontalière de la Turquie dénonçaient une " attaque ". Des responsables américains, cités par le Wall Street Journal, ont déclaré de leur côté qu’il s’agit d’une frappe de drone qui a visé un dirigeant kurde syrien et allié de Washington, le général Mazloum Abdi, sans faire de victimes.

Abdi est le commandant en chef des FDS, les Forces démocratiques syriennes, une coalition dominée par les Kurdes de la Syrie voisine, engagée avec Washington dans la lutte antijihadistes. Trois militaires américains se trouvaient dans le convoi avec le chef, selon le colonel Joe Buccino, porte-parole du Commandement central américain.

L’incident qui a eu lieu près de l’aéroport de Souleimaniyeh intervient dans un contexte tendu, la Turquie ayant fermé début avril son espace aérien aux avions en provenance et à destination de cet aéroport.

Ankara justifiait cette mesure en accusant les rebelles kurdes turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) d’avoir intensifié leurs activités dans le secteur, fustigeant même une " intrusion " de l’organisation " terroriste " dans l’aéroport.

Plusieurs responsables, dont l’adjoint au Premier ministre du Kurdistan Qubad Talabani, ont évoqué une " attaque ", sans fournir plus de détails dans l’immédiat, ni en nommer les auteurs ou la cible.

Le gouverneur de la province de Souleimaniyeh, Haval Abou Bakr, a lui condamné un " bombardement aérien " contre " un secteur proche de l’aéroport ", appelant " toutes les parties politiques à mettre fin à leurs différends et à ne pas faire du Kurdistan la victime de leurs luttes ", selon un communiqué.

Depuis des décennies la lutte opposant la Turquie au PKK, mouvement classé " terroriste " par Ankara et ses alliés occidentaux, a débordé dans le nord de l’Irak, les deux camps y disposant de positions militaires ou de bases arrières.

Considérant les FDS et leur principale composante des YPG (Unités de protection du peuple) comme une extension du PKK, la Turquie les qualifie aussi de " terroristes ".

Ankara mène régulièrement des opérations terrestres et aériennes contre les FDS en Syrie et contre le PKK en Irak. En juillet 2022, des frappes d’artillerie imputées à Ankara contre une aire de loisirs du Kurdistan irakien avaient tué neuf civils parmi lesquels des femmes et des enfants. La Turquie avait nié toute responsabilité et accusé le PKK.

Roger Barake, avec AFP