Le président iranien et le guide suprême ont dénoncé la présence américaine au Moyen-Orient lors de la visite du président irakien à Téhéran. Les deux pays ont également annoncé renforcer leur coopération dans les infrastructures hydrauliques et électriques, ainsi que dans la sécurité transfrontalière. Les États-Unis ont encore 2 500 militaires en Irak et 900 en Syrie dans le cadre de la lutte contre l’EI.

Les dirigeants iraniens ont dénoncé la présence des États-Unis au Moyen-Orient, qui compromet selon eux la sécurité de la région, lors de rencontres samedi avec le président de l’Irak voisin en visite à Téhéran pour des entretiens de grande envergure.

Ennemis jurés depuis des décennies, Washington et Téhéran se disputent l’influence en Irak depuis l’invasion des États-Unis en 2003 qui a renversé le dictateur Saddam Hussein.

" Nous ne considérons pas que la présence de forces étrangères et d’étrangers dans la région soit utile ", a déclaré le président iranien, Ebrahim Raïssi, lors d’une conférence de presse conjointe à Téhéran avec son homologue irakien, Abdel Latif Rachid.

" La présence des États-Unis perturbe la sécurité de la région ", a fustigé le président iranien.

" Nos relations avec l’Irak sont fondées sur des intérêts communs " tandis que " les Américains pensent à leurs intérêts et non à ceux des pays de la région ", a-t-il ajouté.

" Les Américains ne sont amis avec personne et ne sont même pas fidèles à leurs amis européens ", a déclaré pour sa part l’ayatollah Ali Khamenei lors de sa rencontre avec le président irakien, selon le site internet du guide suprême. " Même la présence d’un seul Américain en Irak, c’est trop ", a-t-il ajouté.

Bien que l’Irak et l’Iran se soient livrés une guerre de huit ans dans les années 1980, les relations entre les deux voisins à majorité chiite se sont considérablement apaisées après la chute de Saddam Hussein et de son régime dominé par les sunnites.

L’Irak est devenu un pilier économique essentiel pour la République islamique frappée par des sanctions occidentales, tandis que Téhéran fournit à Bagdad du gaz et de l’électricité ainsi que des produits de consommation courante.

" Les relations entre l’Iran et l’Irak se poursuivront dans le domaine des infrastructures hydrauliques et électriques ", a déclaré le président iranien. Un " accord sur la sécurité a été établi entre les deux pays ", la sécurité de l’Irak et de ses frontières étant " très importante pour nous ", a-t-il ajouté.

Les deux pays ont contribué à vaincre le groupe État islamique (EI) en Irak, et les États-Unis ont encore 2.500 militaires dans le pays.

Quelque 900 soldats américains restent aussi en Syrie, la plupart dans le nord-est sous administration kurde, dans le cadre d’une coalition dirigée par les États-Unis qui lutte contre les restes de l’EI. Et la cinquième flotte de la marine américaine est basée à Bahreïn.

Sami Erchoff avec AFP