L’ONG Amnesty International a alerté vendredi de l’exécution " imminente "de trois manifestants en Iran. Ils avaient été condamnés pour " hostilité contre Dieu " pour leur participation aux manifestations à Ispahan.

Trois hommes condamnés à mort à la suite des manifestations qui ont éclaté l’année dernière en Iran risquent d’être exécutés de " manière imminente " après que la Cour suprême a confirmé leur condamnation, alerte vendredi l’ONG Amnesty International.

Majid Kazemi, Saleh Mirhashemi et Saeed Yaghoubi ont été arrêtés en novembre 2022 à la suite de manifestations dans la ville d’Ispahan (centre), et condamnés à mort en janvier 2023.

L’an dernier, l’Iran a procédé à l’exécution de quatre manifestants, suscitant des condamnations au niveau international, et cette année a vu une augmentation des exécutions en Iran pour des charges diverses.

Amnesty International a indiqué vendredi sur Twitter que les trois hommes avaient été condamnés à mort pour " hostilité contre Dieu " après avoir été reconnus coupables " d’avoir dégainé une arme à feu " lors de manifestations à Ispahan.

L’organisation de défense des droits de l’Homme, basée à Londres, s’est dit " gravement préoccupée " par le fait que les trois " risquent d’être exécutés de manière imminente… après que la Cour suprême iranienne a confirmé leurs injustes condamnations à mort ".

Le cas de Majid Kazemi a suscité des inquiétudes en Australie où vit une partie de sa famille, dont son cousin Mohammad Hashemi qui a écrit une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Penny Wong pour obtenir son appui.

" Majid n’a que 30 ans. C’est une personne aimante et volontaire. Comme beaucoup d’autres Iraniens, il a participé à des manifestations pacifiques pour faire entendre sa voix et exiger des changements ", écrit Mohammad Hashemi dans la lettre publiée sur le site de pétition change.org.

Amnesty a déclaré que dans une note orale, non datée, de la prison, Majid Kazemi a déclaré qu’il avait été soumis à des tortures répétées et à d’autres mauvais traitements, y compris des passages à tabac, pour obtenir des " aveux ".

Des informations – notamment relayées par le site iranien 1500tasvir – ont indiqué que la télévision d’État avait diffusé les prétendus " aveux ", comme c’est souvent le cas avant les exécutions des condamnés.

Les opposants accusent l’Iran d’utiliser la peine de mort comme moyen d’intimider la population après des mois de manifestations qui avaient éclaté en septembre 2022, après la mort en détention de Mahsa Amini suite à son arrestation pour avoir prétendument enfreint les règles vestimentaires iraniennes imposées aux femmes.

Au moins 582 personnes ont été exécutées en Iran l’année dernière, ce qui constitue le plus grand nombre d’exécutions depuis 2015, et bien au-dessus des 333 exécutions enregistrées en 2021, ont indiqué l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, et l’association Ensemble contre la peine de mort, basée à Paris, dans un rapport conjoint en avril.

Le rythme des exécutions a été encore plus intense en 2023, IHR recensant désormais au moins 223 exécutions depuis le début de l’année en Iran.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP