Contrairement aux pays occidentaux, qui ont imposé des sanctions sévères à Moscou après son invasion de l’Ukraine, les pétromonarchies du Golfe ont pris leur distance vis-à-vis du conflit. La Russie tente de combler le vide laissé par les investisseurs étrangers et fait les yeux doux à ces pays, notamment les Émirats arabes unis.

En pleine guerre contre l’Ukraine, la Russie fait les yeux doux aux pays arabes, surtout les richissimes monarchies pétrolières du Golfe, pour soutenir son économie, frappée par les lourdes sanctions occidentales et par le départ d’entreprises internationales.

Responsables et entreprises russes étaient présents en grand nombre cette semaine au Forum international sur l’investissement organisé à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, important exportateur de brut devenu hub économique régional.

" Nous sommes ici pour attirer des investisseurs, notamment arabes ", confirme à l’AFP Pavel Kalmytchek, du ministère russe du Développement économique.

Le ministre russe du Développement économique Maksim Reshetnikov (centre) lors de la 12e réunion annuelle sur l’investissement (Aim Global 2023) au centre national des expositions d’Abu Dhabi le 8 mai 2023.

Contrairement aux pays occidentaux, qui ont imposé des sanctions sévères à Moscou après son invasion de l’Ukraine en février 2022, la plupart des Etats pétroliers du Golfe ont pris leur distance vis-à-vis du conflit, notamment les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, première économie arabe et plus grande exportateur de brut au monde.

La coopération avec la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est " l’une des priorités de la politique économique étrangère de la Russie ", assure le ministre russe du Développement économique, Maxime Rechetnikov, lors d’une session consacrée aux relations russo-arabes.

Ces pays, dont le rôle " s’accroît sensiblement " dans le monde, ont une politique étrangère " indépendante " et ont " toujours été des partenaires fiables de la Russie ", se réjouit-il en plaidant pour des projets communs, et la mise en place d’un " système financier et bancaire " censé contourner les sanctions occidentales.

Selon lui, les échanges commerciaux entre la Russie et les pays arabes a augmenté de 83% ces cinq dernières années, représentant près de 95 milliards de dollars sur cette période.

Depuis le début de l’intervention russe en Ukraine en février 2022 et les premières sanctions économiques imposées par les Occidentaux, de nombreuses multinationales ont quitté le pays, d’autres y ont suspendu leurs activités, dans les secteurs du pétrole, de l’automobile ou encore du luxe.

La dernière visite du président Poutine à Abou Dhabi remonte à octobre 2019.

Pour Robert Mason, chercheur au centre de réflexion Arab Gulf States Institute à Washington, les investissements arabes pourraient " soutenir des secteurs spécifiques ".

Le cosmétique, les hydrocarbures, l’agroalimentaire, les équipements médicaux, les hautes technologies ou encore les industries lourdes représentent des secteurs où la Russie pourrait intéresser les investisseurs du monde arabe, selon M. Mason.

Des chantiers plus vastes sont en cours, dit-il: " Les investissements conjoints russo-chinois au Moyen-Orient ou le commerce des technologies, en témoigne l’achat croissant par Moscou de puces électroniques venues des Emirats arabes unis ".

Et avec le dégel des relations entre nombreux pays arabes et Damas, que soutient la Russie, " le potentiel d’une coopération sécuritaire et économique via la Syrie ne peut pas être écarté ".

Mais, estime le chercheur, les investissements arabes " ne changeront pas fondamentalement la donne pour l’instant ".

Roger Barake, avec AFP