La Chine a exprimé samedi soir son " vif mécontentement " après la publication par le G7 d’un communiqué lui adressant plusieurs reproches sur la mer de Chine méridionale, les droits de l’homme et autres tentatives de " coercition économique ".

Les dirigeants des pays du G7, réunis en sommet à Hiroshima, au Japon, ont appelé la Chine à " ne pas mener d’activités d’ingérence " dans ses pays membres et exprime ses " préoccupations " en matière de droits de l’homme " notamment au Tibet et au Xinjiang ".

Sur la guerre en Ukraine, le G7 exhorte également Pékin, proche partenaire économique et diplomatique de Moscou qui maintient jusqu’ici une position de neutralité, à " faire pression sur la Russie pour qu’elle cesse son agression ".

Sur le plan économique et commercial, le communiqué du G7 a prévenu que toute tentative de " coercition économique " aurait " des conséquences ", visant implicitement les pratiques de la Chine, mais sans la nommer.

La lutte contre les tentatives de Pékin d’utiliser des mesures de restriction du commerce à des fins diplomatiques est un thème central de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement du groupe des sept démocraties les plus industrialisées.

Le G7 est particulièrement préoccupé par sa vulnérabilité dans des secteurs stratégiques tels que les minerais essentiels, les semi-conducteurs et les batteries électriques.

Ses dirigeants veulent renforcer les chaînes d’approvisionnement pour éviter leur perturbation et veiller à ce que les technologies ayant des applications en matière de sécurité nationale soient " contrôlées de manière appropriée ".

" Pas de crédibilité internationale "

Washington a mené ces derniers mois une intense campagne visant à restreindre l’accès de la Chine aux outils avancés de fabrication de semi-conducteurs, en invoquant des préoccupations de sécurité nationale et en poussant le Japon et les Pays-Bas à prendre des mesures similaires.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a profité de son séjour japonais pour apprendre à préparer des Okonomiyaki, des crêpes traditionnelles japonaises, dans un restaurant d’Hiroshima avec des journalistes de la délégation britannique.

Washington a assuré que les divergences passées entre les États-Unis et les pays de l’Union européenne sur la position à adopter face à la Chine s’étaient largement estompées, et que la stratégie commune mettrait l’accent sur la nécessité de se protéger tout en évitant une confrontation directe avec Pékin.

" Le G7 s’obstine à manipuler les questions liées à la Chine, à discréditer et attaquer la Chine ", a déploré samedi soir dans un communiqué un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

" La Chine exprime son vif mécontentement et sa ferme opposition et a déposé une protestation officielle auprès du Japon, pays hôte du sommet, ainsi qu’auprès des autres parties concernées. "

" Le G7 claironne qu’il entend aller vers un monde pacifique, stable et prospère. Mais dans les faits, il entrave la paix dans le monde, nuit à la stabilité régionale et inhibe le développement d’autres pays ", a indiqué le porte-parole chinois. " Cette approche n’a pas la moindre crédibilité internationale. "

La réunion du Quad

Par ailleurs, en marge du sommet du G7, les dirigeants des pays du Quad, une alliance informelle entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les Etats-Unis, ont critiqué la Chine, sans toutefois la nommer.

Le Quad est une alliance informelle entre l’Australie, l’Inde, le Japon et les Etats-Unis pour faire face aux menaces chinoises dans la région indo-pacifique.

Le président américain Joe Biden et les trois autres dirigeants du Quad n’ont pas mentionné explicitement la Chine, mais le géant asiatique était clairement la cible d’un communiqué appelant à " la paix et la stabilité dans l’aire maritime indo-pacifique ".

" Nous nous opposons fermement à la déstabilisation ou aux actions unilatérales visant à changer le statu quo par la force ou la coercition ", indique ce communiqué dans une allusion à peine voilée aux actions menées par la Chine dans cette région du monde, jugées sources d’instabilité par ces pays occidentaux.

" Nous exprimons notre vive préoccupation face à la militarisation des zones disputées, à l’usage dangereux de navires militaires ou des garde-côtes et aux efforts pour déstabiliser les activités d’exploitation des ressources offshore des autres pays ", indique encore ce texte, faisant allusion à la construction par la Chine de bases sur des récifs disputés et au harcèlement des navires dans les eaux revendiquées par Pékin, notamment en Mer de Chine du Sud.

Marathon diplomatique pour Zelensky

Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a enchaîné samedi des rencontres avec des chefs d’Etat et de gouvernement dès son arrivée à Hiroshima, cherchant notamment à persuader de grandes puissances émergentes de hausser le ton envers Moscou.

Dès son arrivée à Hiroshima à bord d’un avion de la République française, il a multiplié les réunions bilatérales: avec le Premier ministre britannique Rishi Sunak, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le Premier ministre Narendra Modi, le chancelier allemand Olaf Scholz…

Une rencontre avec le président français Emmanuel Macron a aussi eu lieu. La présence de M. Zelensky au G7 de Hiroshima " peut changer la donne " pour l’Ukraine, a lancé samedi M. Macron, notamment en lui permettant de nouer des liens avec les dirigeants de grandes puissances émergentes également présents au sommet, comme ceux de l’Inde et du Brésil.

M. Modi a déjà assuré samedi à M. Zelensky que l’Inde ferait " tout son possible " pour régler le conflit russo-ukrainien et qu’il comprenait " parfaitement " sa " souffrance " et celle de son peuple. Le président brésilien Lula désire aussi le rencontrer à Hiroshima, selon une source française.

Roger Barake, avec AFP