Au Soudan, le cessez-le-feu continuait d’être violé dans la matinée de mercredi 24 mai à Khartoum, rendant impossible l’ouverture de couloirs humanitaires. Sur le plan diplomatique, Américains et Saoudiens continuent à travailler d’arrache-pied pour arriver à cet objectif.

L’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan en guerre n’est toujours pas possible mercredi, au deuxième jour de la trêve entre militaires et paramilitaires, mais les médiateurs saoudiens et américains continuent d’œuvrer pour mettre en place des couloirs sécurisés.

Dès l’entrée en vigueur du cessez-le-feu après plus de cinq semaines d’un conflit qui a fait un millier de morts et plus d’un million de déplacés et réfugiés, des habitants de Khartoum ont rapporté à l’AFP tirs d’artillerie et raids aériens.

" Les combats semblent moins intenses à Khartoum " mercredi, selon les médiateurs. Mais ils disent avoir présenté aux émissaires de l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo " des informations montrant qu’ils avaient violé " la trêve.

Le cessez-le-feu conclu après deux semaines de négociations en Arabie saoudite est censé créer des passages pour les civils pris sous les feux croisés et pour l’aide humanitaire, dont plus de 25 des 45 millions de Soudanais ont besoin, selon l’ONU.

Les humanitaires, eux, disent ne toujours pas pouvoir accéder aux hôpitaux de Khartoum et du Darfour (ouest), les deux zones les plus touchées par la guerre, quasiment tous hors d’usage. Ceux qui n’ont pas été bombardés n’ont plus de stocks ou sont occupés par des belligérants.

Les émissaires des deux camps continuent de discuter et " les préparatifs pour des mouvements d’aide humanitaire sont en cours ", assurent malgré tout Ryad et Washington.

Mais après cinq semaines de promesses, les humanitaires réclament des actes.

Dès mardi, le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait menacé " ceux qui violent la trêve " de " sanctions ", sans jamais préciser lesquelles.

Les pays voisins, qui accueillent des dizaines de milliers de réfugiés, redoutent une contagion, notamment du fait des liens tribaux transnationaux, et ne cessent de réclamer d’être intégrés aux négociations, plaidant pour des solutions africaines aux problèmes du continent.

Sur le terrain, des milliers de familles continuent à fuir le Darfour vers le Tchad ou prennent la route de l’Égypte dans le nord. Ils sont 300.000 à avoir quitté le pays, selon l’ONU. Plus de 800.000 autres se sont réfugiés dans d’autres villes du Soudan.

Mais les camps de déplacés, qui accueillaient déjà 3,4 millions de personnes avant la guerre, sont pleins ou ont été détruits par les combats, rappelle l’ONU.

Malo Pinatel, avec AFP