Écoutez l’article

La crise née de l’asile et de la migration illégale pose de multiples défis à l’Union européenne. La première dimension de ces défis réside dans la conviction partagée par la plupart des États membres de l’Union concernant la nécessité de respecter le droit d’asile sur base d’un engagement éthique et du respect du droit international humain. La deuxième dimension est fondée sur une compréhension profonde de la complexité démographique en Europe et de la nécessité d’y faire face de manière intelligente. La troisième dimension est liée à un débat délicat sur la façon d’établir un équilibre entre les droits de l’homme et les risques liés à l’identité et à la souveraineté. Et enfin, la quatrième dimension, la plus dangereuse, se manifeste par l’avancée des vagues populistes et du radicalisme nationaliste, comme le révèlent les sondages et même les résultats électoraux.

C’est dans ce contexte que les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne se réuniront le 8 juin prochain au Luxembourg pour réexaminer les problèmes juridiques et les mesures administratives concernant les demandeurs d’asile, et il est probable qu’ils discuteront également de la crise de la migration illégale. Il semble qu’il y ait des divergences entre les approches des États membres, sachant que l’Allemagne et le Danemark figurent en tête des pays proposant des solutions à ce problème. Force est de relever dans ce cadre qu’un profond clivage se manifeste entre l’Union européenne et le Royaume-Uni sur cette question en particulier.

En tout état de cause, et sans rentrer dans les détails, il reste des questions fondamentales auxquelles il faut tenter de répondre, car le développement de la législation et le durcissement des procédures ne signifient pas nécessairement la possibilité de réglementer le droit d’asile et de normaliser ses critères. Cela ne signifie pas également que l’on aura réussi à mettre un terme au phénomène de la migration illégale.

De ce fait, l’Union européenne se doit de répondre à des questions essentielles. La première est de savoir s’il est possible de traiter des questions politiques exclusivement par des approches humanitaires fondées sur le droit. La deuxième question est de savoir s’il n’est pas temps d’examiner les causes de l’asile et de la migration, plus particulièrement dans les pays qui sont la source de ces flux migratoires, plutôt que de se contenter de braquer les projecteurs sur les symptômes ? Et enfin, est-il possible de mettre en place un partenariat euro-méditerranéen basé sur l’expertise pour élaborer une politique globale intégrée et faire pression sur les décideurs en vue de son adoption ?

D’aucuns pourraient penser que ces trois questions sont simples, mais les faits prouvent que sans la construction de partenariats stratégiques à l’échelle euro-méditerranéenne et sans arracher les racines de la dictature et du terrorisme dans certaines zones géographiques complexes, la crise née de l’asile et de la migration continuera à s’aggraver et il sera impossible d’atteindre un équilibre entre les droits de l’homme et la souveraineté.

Directeur exécutif du Civic Influence Hub (CIH) – Expert en Politiques publiques