L’armée soudanaise a annoncé avoir suspendu les négociations à Jeddah pour une trêve avec les Forces de soutien rapide (FSR), mercredi 31 mai. Menés par les États-Unis et l’Arabie Saoudite concernant l’acheminement de l’aide humanitaire, ces pourparlers constituent donc un nouvel échec, tandis que le pays s’enfonce dans la guerre civile.

L’armée soudanaise a suspendu mercredi les négociations sous l’égide des États-Unis et de l’Arabie saoudite sur une trêve censée permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays menacé de famine, accusant les paramilitaires de ne pas respecter leurs engagements.

L’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, en guerre depuis le 15 avril au Soudan, s’engageaient régulièrement à des trêves qui n’ont jamais été respectées.

La dernière en date a débuté le 22 mai avant d’être prolongée lundi pour cinq jours.

Mais mardi encore, des combats ont fait rage à Khartoum et dans la région du Darfour, dans l’ouest du Soudan. La guerre a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l’ONG ACLED.

Mercredi, l’armée a " suspendu sa participation aux négociations " qui se tiennent en Arabie saoudite, a annoncé un responsable gouvernemental soudanais, sous le couvert de l’anonymat.

Le commandant en chef de l’armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhan (au centre), félicitant ses troupes à Khartoum, le 29 mai 2023. (Photo SUDAN’S ARMED FORCES FACEBOOK PAGE / AFP)

Après près de sept semaines de guerre, près d’un million et demi de personnes, principalement des Soudanais mais aussi des réfugiés au Soudan, ont été forcés de quitter leur maison.

Plus d’un million sont encore dans le pays mais 350 000 autres ont rejoint les pays voisins, qui redoutent une contagion des violences. La moitié sont en Égypte, en pleine crise économique, les autres au Tchad, au Soudan du Sud, en Centrafrique ou en Éthiopie, eux-mêmes en proie à des violences.

Malgré l’urgence humanitaire – le pays est au bord de la famine selon l’ONU et la saison des pluies approche avec sa cohorte d’épidémies – les deux belligérants continuent de se battre.

Les médiateurs américains et saoudiens jouaient jusqu’ici le jeu de la diplomatie, se gardant de sanctionner les raids aériens, tirs d’artillerie et combats recensés sur le terrain.

Les combats sont les plus violents au Darfour, une région frontalière du Tchad, dont certaines zones sont totalement coupées du monde, sans électricité ni téléphone.

Là, de nouveaux appels à armer les civils font redouter une " guerre civile totale ". Aujourd’hui, les partisans du dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, reviennent en force, assurent les experts.

Malo Pinatel, avec AFP