Malgré les pressions internationales, l’Iran poursuit son programme nucléaire avec des stocks d’uranium enrichi dépassant de 23 fois la limite autorisée selon un rapport de l’AIEA.

L’Iran a nettement accru ces derniers mois son stock d’uranium enrichi, poursuivant son escalade nucléaire même s’il nie vouloir se doter de la bombe, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) consulté mercredi par l’AFP.

L’instance onusienne note cependant des " progrès " dans la coopération et a décidé de clôturer le dossier portant sur la présence de matière nucléaire sur un des trois sites non déclarés, question qui empoisonne de longue date les relations entre les deux parties.

Autre point abordé, la détection en début d’année de particules d’uranium enrichies à 83,7%, un niveau proche du seuil pour fabriquer une bombe, sur le site de l’usine souterraine de Fordo.

L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme atomique, avait invoqué des " fluctuations involontaires " au cours du processus d’enrichissement et a apporté de nouvelles données.

L’Agence, chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, " a estimé que les informations fournies n’étaient pas incompatibles avec les explications de l’Iran sur l’origine de ces particules et n’a plus de questions ", écrit-elle.

La République islamique a fortement limité ses échanges avec l’Agence et débranché des caméras de surveillance l’an dernier, dans un contexte de détérioration des relations entre l’Iran et les puissances occidentales.

En parallèle, elle a continué à s’affranchir des engagements pris dans le cadre de l’accord international de 2015, dans la foulée du retrait des États-Unis décidé en 2018 par le président Donald Trump.

Ses stocks d’uranium enrichi dépassent désormais de plus de 23 fois la limite autorisée : ils s’élevaient à 4.744,5 kg le 13 mai (contre 3.760,8 kg en octobre), selon le rapport présenté aux États membres à quelques jours d’une réunion du Conseil des gouverneurs.

Surtout, l’Iran enrichit toujours plus à des niveaux élevés, loin de la limite fixée à 3,67% : il dispose ainsi de 470,9 kg à 20% (contre 434,7 kg auparavant) et de 114,1 kg à 60% (contre 87,5 kg).

Concernant le site de Marivan, au sud de l’Iran, l’AIEA dit avoir reçu des " explications plausibles " de Téhéran.

L’organisation internationale " n’a pas de questions supplémentaires " et ce dossier est " considéré comme étant réglé à ce stade ".

Pour autant, elle s’en tient à ses précédentes évaluations sur le sujet, selon lesquelles l’Iran avait prévu en 2003 d’y entreposer des matières nucléaires pour des essais d’explosifs.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP