Tirée au sort pour encadrer le procès fédéral de Donald Trump, la juge Aileen Cannon avait été nommée par ce dernier avant sa défaite aux présidentielles de 2020. Son jeune âge, ses affiliations politiques et surtout sa clémence envers l’ancien président sur de précédents dossiers le concernant, sont autant d’aspects jetant le doute sur son impartialité.

Nommée par Donald Trump, Aileen Cannon devra désormais le juger. Tirée au sort pour superviser le procès fédéral de l’ex-président, la magistrate aura une grande influence sur la procédure, ce qui n’est pas du goût de tous.

Aileen Cannon saura-t-elle résister à ces pressions ? Ceux qui veulent voir Donald Trump condamné pour sa gestion négligente des secrets de la Maison Blanche, en doutent.

D’abord parce qu’elle est " une juge très conservatrice ", relève Thomas Holbrook, professeur de sciences politiques dans le Wisconsin.

Mais surtout parce qu’elle a déjà fait preuve d’une grande déférence envers Donald Trump.

Le milliardaire républicain lui a confié un poste à vie de juge fédéral juste avant sa défaite à la présidentielle de novembre 2020. Elle n’avait alors que 38 ans, dont trois ans dans un cabinet d’avocats et sept dans les bureaux d’un procureur fédéral de Floride.

Après la perquisition de son club de luxe Mar-a-Lago par le FBI en août 2022, le septuagénaire avait saisi la justice pour empêcher les procureurs d’utiliser les documents saisis. La juge Cannon avait déjà hérité du dossier et lui avait donné en partie raison, en citant " les circonstances extraordinaires " liées à " son ancienne position de président des Etats-Unis ".

Tout cela importerait peu si la juge n’avait qu’un rôle protocolaire mais c’est loin d’être le cas.

Aileen Cannon décidera notamment quels éléments matériels peuvent être présentés aux jurés. Dans ce dossier, elle pourrait être tentée d’exclure des notes accablantes prises à la volée par un avocat de Donald Trump, au nom du secret professionnel.

Elle fixera aussi le calendrier des audiences préliminaires et du procès, ce qui pourrait le renvoyer bien après l’élection présidentielle de novembre 2024, à laquelle Donald Trump est candidat.

Enfin, elle supervisera le choix des jurés, qui devront rendre un verdict unanime.

Pour toutes ces raisons, plusieurs voix lui ont demandé de se récuser.

Pour l’instant, la magistrate semble vouloir conserver le dossier, dans lequel elle a déjà réalisé quelques formalités.

Malo Pinatel, avec AFP