L’ONU s’est alarmée de la propagation des combats sur tout le territoire soudanais, au lendemain d’une frappe aérienne meurtrière sur Khartoum. Le conflit, qui voit se multiplier les exactions envers les populations, présenterait désormais un risque de déstabilisation pour toute la région, selon l’organisation.

L’ONU a estimé dimanche que le Soudan est " au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région ", au lendemain de la mort de dizaines de civils dans un raid de l’armée de l’air sur un quartier résidentiel de Khartoum.

Le bombardement, survenu samedi sur le quartier de Dar al-Salam à Omdourman, la banlieue nord-ouest de la capitale Khartoum, a fait selon le ministère de la Santé " 22 morts et un grand nombre de blessés parmi les civils ".

En près de trois mois de guerre entre les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo et les troupes régulières, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhane, près de 3.000 morts ont été recensés –un bilan très sous-estimé, des corps jonchant encore les rues étant inaccessibles.

Près de trois millions de Soudanais ont été forcés de quitter leur maison –dont plus de 600.000 pour l’étranger, principalement l’Egypte au nord et le Tchad à l’ouest– tant les exactions venues des deux camps se multiplient.

Vers une " guerre civile totale "

Partis du cœur de la capitale, les combats, les raids aériens et les pillages qui s’ensuivent inlassablement ont gagné le Darfour ainsi que le Kordofan, au sud de Khartoum, et le Nil Bleu, frontalier de l’Ethiopie au sud.

Au Darfour, où des combattants tribaux et des civils armés ont rejoint les deux camps en guerre, les combats ont pris une " dimension ethnique ", affirme l’ONU alors que des habitants rapportent des " exécutions " sur la base de l’origine ethnique.

Selon l’ONU, le Soudan est désormais " au bord d’une guerre civile totale potentiellement déstabilisatrice pour toute la région " aux confins du Sahel, de la Corne de l’Afrique et du Moyen-Orient, des zones déjà en proie aux violences avant la guerre à Khartoum.

Les négociations, longtemps menées par Américains et Saoudiens et désormais au point mort, n’ont jusqu’ici accouché que de trêves temporaires, quasiment jamais respectées.

Malo Pinatel, avec AFP