Le candidat investi par l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko a appelé à un concert de casseroles pour protester contre l’interdiction de son meeting d’investiture, samedi 15 juillet. M. Sonko reste aux prises avec la justice de son pays, dans ce qui est vu comme étant une tentative de le rendre inéligible, ayant provoqué de violentes manifestations en juin dernier.

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, investi par son parti candidat à la présidentielle de 2024 en dépit de son éligibilité incertaine, a appelé à un concert de casseroles samedi pour protester " pacifiquement " contre l’interdiction de son meeting d’investiture.

Le gouverneur de Dakar a annoncé jeudi dans un communiqué l’interdiction de ce rassemblement, prévu initialement samedi après-midi dans un stade dans la banlieue de Dakar, pour " risques de troubles à l’ordre public ".

M. Sonko a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un verdict qui le rend inéligible en l’état, selon ses avocats et des juristes. L’opposant a par ailleurs été le 8 mai condamné à six mois de prison avec sursis lors d’un procès en appel pour diffamation, une peine largement perçue comme le rendant inéligible pour la présidentielle. Mais il n’a pas encore épuisé ses recours devant la Cour suprême.

En dépit des procédures judiciaires, " je reste éligible " à la présidentielle de 2024, a dit M. Sonko. Il a dénoncé une nouvelle fois le blocus de son domicile à Dakar " depuis le 28 mai " par les forces de sécurité, une situation qui le met selon lui de fait " en prison ".

Tensions persistantes autour de l’élection

L’investiture de M. Sonko a eu lieu jeudi lors d’une réunion de la Haute autorité de régulation du parti (HARP), un organe de Pastef, qui a validé les décisions issues des délégués des 46 départements du Sénégal et de la diaspora, dit le communiqué.

Le 6 juillet, l’opposant a promis un " chaos indescriptible " s’il est empêché d’être candidat à la présidentielle, dans un entretien sur la chaîne France 24. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait 16 morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition.

La justice sénégalaise a par ailleurs annoncé vendredi avoir lancé un mandat d’arrêt international contre Juan Branco, avocat français de M. Sonko, pour des " crimes et délits " en lien avec les troubles survenus début juin au Sénégal.

Juan Branco avait annoncé le 22 juin avoir déposé une plainte en France et une demande d’enquête à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye contre le président sénégalais Macky Sall pour " crimes contre l’humanité ", après les violentes manifestations.

M. Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, a annoncé début juillet qu’il ne se présentera pas à la présidentielle de 2024.

Malo Pinatel, avec AFP