Des milliers de personnes ont manifesté mardi en Israël pour s’opposer à la réforme judiciaire proposée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Des milliers de personnes ont manifesté mardi en Israël pour dénoncer le projet de réforme judiciaire porté par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, avant un vote clé au Parlement sur une des dispositions contestées du projet.

Depuis l’annonce en janvier du projet controversé, des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque semaine dans le pays, dans ce qui est considéré comme l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël.

Les organisateurs ont annoncé des manifestations mardi dans des dizaines de villes du pays. Des milliers de personnes y prenaient part en début d’après-midi, notamment à Haïfa (nord), Tel-Aviv, Jérusalem, Petah Tikva ou encore Rehovot (centre), selon des médias locaux et des journalistes de l’AFP.

À Tel-Aviv, des militants du groupe de vétérans de l’armée " Ahim laneshek " (Frères d’armes en français) ont formé une chaîne humaine pour bloquer la principale entrée du quartier général de l’armée.

(Photo: Menahem KAHANA / AFP)

La police a fait état de 19 arrestations pour " trouble à l’ordre public ".

Cette journée fait suite au vote la semaine dernière en première lecture par le Parlement d’une mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour le pouvoir judiciaire de se prononcer sur le " caractère raisonnable " des décisions du gouvernement.

Et elle intervient alors que la commission parlementaire des lois poursuit mardi ses débats afin de la présenter dans les prochains jours au vote définitif du Parlement.

La clause dite de " raisonnabilité " avait contraint en janvier M. Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement Arié Dery, condamné pour fraude fiscale, suite à l’intervention de la Cour suprême.

La réforme que défend le gouvernement, formé fin décembre avec le soutien de partis d’extrême droite et de formations ultra-orthodoxes juives, vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats.

Le gouvernement estime qu’elle est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs, mais ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie et ses garde-fous institutionnels.

D’autres mesures de cette réforme provoquent le mécontentement des manifestants, comme celle modifiant le processus de nomination des juges qui a déjà été adoptée par les députés en première lecture.

Une autre clause voulue par le gouvernement, dite " dérogatoire ", qui vise à permettre au Parlement d’annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême, a elle été " abandonnée ", avait assuré fin juin M. Netanyahu.

Ce projet de réforme suscite également des critiques à l’étranger.

Le président américain Joe Biden avait notamment appelé fin mars le gouvernement israélien à trouver un compromis.

Les deux dirigeants ont discuté lundi au téléphone, selon le bureau du Premier ministre israélien qui a annoncé que M. Netanyahu avait été " invité " aux Etats-Unis pour rencontrer M. Biden.

Interrogé à ce sujet par des journalistes, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a parlé d’une rencontre peut être " durant l’automne ".

En attendant, M. Biden reçoit mardi à Washington le président israélien Isaac Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire. Avant son départ pour les Etats-Unis, M. Herzog avait aussi appelé les parties israéliennes à trouver un compromis.

Pierre Daccache, avec AFP