L’Ukraine a prévenu jeudi les bateaux navigants en mer Noire et se dirigeant vers les ports contrôlés par la Russie qu’ils pourraient être visés. Une réponse à la menace de Poutine, formulée la veille, de s’en prendre aux navires qui essaieraient de rejoindre les ports de céréales en Ukraine.

Kiev a déclaré jeudi qu’elle traiterait les navires se dirigeant vers les ports contrôlés par les Russes comme de potentiels transporteurs de matériels militaires, alors que Moscou a frappé dans la nuit de mercredi à jeudi les ports ukrainiens de Mykolaiv et d’Odessa au cours d’une nouvelle nuit de frappes " infernales ".

Au moins trois personnes sont mortes et plus de vingt ont été blessées dans les frappes russes de drones et de missiles sur les ports du sud de l’Ukraine, ont indiqué des responsables, en publiant des images de bâtiments en flammes ou partiellement effondrés.

Ces attaques russes ont été " fermement " condamnées par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

" Ces attaques ont un impact bien au-delà de l’Ukraine. Nous voyons déjà l’effet négatif sur les prix mondiaux du blé et du maïs, ce qui fait souffrir tout le monde, en particulier les populations vulnérables dans les pays du Sud ", a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric.

" Malheureusement, il n’a pas été possible d’intercepter tous les missiles, en particulier les missiles supersoniques Kh-22 et Onyx, qui sont très difficiles à détruire ", a précisé sur Telegram le gouverneur de la région, Oleg Kiper.

Ces missiles, rarement tirés par Moscou, avaient déjà été utilisés lors de l’attaque russe dans la nuit de mardi à mercredi, qui a ciblé les terminaux céréaliers et les infrastructures portuaires d’Odessa et de Tchornomorsk, détruisant des silos et, notamment, 60.000 tonnes de grains.

Jeudi, l’armée russe a de nouveau affirmé ne viser que des cibles militaires, assurant avoir détruit des sites de production et de stockage de drones navals à Odessa et des dépôts de munition et de carburant à Mykolaïv.

Dénonçant les entraves au commerce de ses propres engrais et produits agricoles, le Kremlin s’est retiré mardi de l’accord signé en juillet 2022, sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, qui permettait à Kiev d’exporter ses céréales malgré la guerre et le blocus russe des ports ukrainiens.

Vladimir Poutine a assuré mercredi que la Russie était prête à revenir à l’accord si ses demandes étaient réalisées " dans leur totalité ", accusant les Occidentaux de " chantage politique ".

En réponse, Kiev a demandé la mise en place de " patrouilles militaires " navales sous mandat de l’ONU, sans réponse jusqu’à présent.

Moscou a par ailleurs annoncé jeudi des restrictions de déplacements pour les diplomates britanniques en Russie, qui devront désormais prévenir Moscou de leurs plans.

La veille, le chef du renseignement extérieur britannique (MI6) avait appelé les Russes " consternés " par l’invasion de l’Ukraine à rejoindre ses services, assurant que le recrutement d’espions serait géré " avec discrétion et professionnalisme ".

Georges Haddad, avec AFP