Les États-Unis et leurs alliés européens ont engagé mercredi des discussions avec Moscou au siège de l’Otan à Bruxelles pour tenter de désamorcer le risque d’un nouveau conflit en Ukraine, alors que la Russie n’a montré aucun signe d’apaisement à ce stade.

Moscou a accepté de réactiver le Conseil Otan-Russie, l’instance de consultation créée en 2002.Des consultations Otan-Russie ont été menées encore en 2019, mais de fait, la coopération pratique entre les deux est rompue depuis 2014, après l’invasion et l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou. Et la mission diplomatique russe auprès de l’Alliance a été retirée en octobre après l’expulsion de huit membres de son personnel soupçonnés d’espionnage par les Occidentaux.

A Bruxelles, la Russie est représentée par Alexandre Grouchko, vice-ministre des Affaires étrangères, qui a qualifié la réunion de " moment de vérité " dans les relations avec l’Otan.

La vice-secrétaire d’Etat américaine Wendy Sherman représente les Etats-Unis et la France a dépêché à Bruxelles François Delattre, numéro deux du ministère des Affaires étrangères.

Mme Sherman a rapporté mardi aux représentants des 30 pays membres de l’Otan la teneur de ses entretiens à Genève avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

" Il n’y a aucune raison d’être optimiste, mais les Russes sont sérieusement engagés dans la séquence diplomatique ", a confié à l’AFP le représentant d’un pays européen.

Les entretiens de Genève ont été peu concluants. Les Russes et les Américains sont restés très fermes sur leurs positions respectives.

Moscou a exigé de Washington et de ses alliés une garantie concrète que l’Ukraine ne sera pas autorisée à rejoindre l’Otan.

Les Américains n’ont fait aucune concession, mais ils ont formulé des propositions pour réduire les risques de conflit et engager un désarmement conventionnel et nucléaire, a expliqué la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Otan, Julianne Smith.

Washington a assuré à Moscou ne pas avoir l’intention de positionner des armes offensives en Ukraine, mais a démenti avoir l’intention de procéder à une démilitarisation en Europe, a pour sa part indiqué un diplomate européen.

" Il est trop tôt pour dire si les Russes sont sérieux ou non sur la voie de la diplomatie, ou s’ils sont prêts à négocier sérieusement ", a déclaré Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche.

Wendy Sherman s’est attachée mardi à apaiser le ressentiment des Européens d’être laissés sur la touche. Elle a assuré que rien en matière de sécurité en Europe ne se ferait sans les Européens, a souligné le diplomate européen.

La Russie veut " reconstituer le glacis géopolitique soviétique en Europe et tenter un découplage entre les États-Unis et l’Europe. Ces objectifs sont clairement inacceptable ", a averti mercredi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans un billet sur son blog.

Le Conseil Otan-Russie risque toutefois de n’être qu’une répétition des discussions de Genève, chaque partie campant sur ses positions.

La Russie exigera une réponse globale de l’Alliance atlantique à ses demandes. " Nous ferons pression pour obtenir une réaction concrète, substantielle, article par article, au projet d’accord russe sur les garanties ", a annoncé Alexandre Grouchko avant la réunion.

Les Occidentaux accusent la Russie d’avoir amassé ces dernières semaines quelque 100.000 soldats à la frontière avec l’Ukraine pour préparer une attaque contre ce pays, ce que Moscou dément.

La Russie affirme que ce déploiement militaire est une réaction à la présence jugée croissante et menaçante de l’Otan dans ce qu’elle considère comme sa zone d’influence.

Wendy Sherman a déploré l’absence d’explications et de preuve tangible à ce stade que Moscou ne comptait pas envahir l’Ukraine.

" Nous devons observer la plus grande prudence ", a souligné pour sa part le représentant européen, " nous n’avons aucune raison de penser qu’un processus (de désescalade) va être amorcé ".

Les pays de l’Union européenne –21 sont membres de l’Otan– doivent avoir des " positions claires " pour les discussions sur l’architecture de sécurité de l’Europe et nous devons " formuler notre réponse au cas où la Russie mettrait à exécution ses menaces contre l’Ukraine ", a affirmé Josep Borrell.

Cette question de la " contribution précise de l’UE " au débat sera au coeur des réunions des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des Vingt-Sept jeudi et vendredi à Brest (Ouest de la France).

Josep Borrell a évoqué des " sanctions coordonnées " et d’autres actions non spécifiées. " Nous ne sommes pas une alliance militaire, mais nous avons les moyens de faire avancer nos intérêts de sécurité et ceux de nos partenaires ", a-t-il affirmé.

AFP

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