Les États-Unis et leurs alliés européens ont engagé mercredi des discussions avec Moscou au siège de l’Otan à Bruxelles pour tenter de désamorcer le risque d’un nouveau conflit en Ukraine, alors que la Russie n’a montré aucun signe d’apaisement à ce stade.
A Bruxelles, la Russie est représentée par Alexandre Grouchko, vice-ministre des Affaires étrangères, qui a qualifié la réunion de " moment de vérité " dans les relations avec l’Otan.
La vice-secrétaire d’Etat américaine Wendy Sherman représente les Etats-Unis et la France a dépêché à Bruxelles François Delattre, numéro deux du ministère des Affaires étrangères.
Mme Sherman a rapporté mardi aux représentants des 30 pays membres de l’Otan la teneur de ses entretiens à Genève avec le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.
" Il n’y a aucune raison d’être optimiste, mais les Russes sont sérieusement engagés dans la séquence diplomatique ", a confié à l’AFP le représentant d’un pays européen.
Les entretiens de Genève ont été peu concluants. Les Russes et les Américains sont restés très fermes sur leurs positions respectives.
Moscou a exigé de Washington et de ses alliés une garantie concrète que l’Ukraine ne sera pas autorisée à rejoindre l’Otan.
Les Américains n’ont fait aucune concession, mais ils ont formulé des propositions pour réduire les risques de conflit et engager un désarmement conventionnel et nucléaire, a expliqué la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis à l’Otan, Julianne Smith.
Washington a assuré à Moscou ne pas avoir l’intention de positionner des armes offensives en Ukraine, mais a démenti avoir l’intention de procéder à une démilitarisation en Europe, a pour sa part indiqué un diplomate européen.
" Il est trop tôt pour dire si les Russes sont sérieux ou non sur la voie de la diplomatie, ou s’ils sont prêts à négocier sérieusement ", a déclaré Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche.
Wendy Sherman s’est attachée mardi à apaiser le ressentiment des Européens d’être laissés sur la touche. Elle a assuré que rien en matière de sécurité en Europe ne se ferait sans les Européens, a souligné le diplomate européen.
La Russie veut " reconstituer le glacis géopolitique soviétique en Europe et tenter un découplage entre les États-Unis et l’Europe. Ces objectifs sont clairement inacceptable ", a averti mercredi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, dans un billet sur son blog.
Le Conseil Otan-Russie risque toutefois de n’être qu’une répétition des discussions de Genève, chaque partie campant sur ses positions.
La Russie exigera une réponse globale de l’Alliance atlantique à ses demandes. " Nous ferons pression pour obtenir une réaction concrète, substantielle, article par article, au projet d’accord russe sur les garanties ", a annoncé Alexandre Grouchko avant la réunion.
Les Occidentaux accusent la Russie d’avoir amassé ces dernières semaines quelque 100.000 soldats à la frontière avec l’Ukraine pour préparer une attaque contre ce pays, ce que Moscou dément.
La Russie affirme que ce déploiement militaire est une réaction à la présence jugée croissante et menaçante de l’Otan dans ce qu’elle considère comme sa zone d’influence.
Wendy Sherman a déploré l’absence d’explications et de preuve tangible à ce stade que Moscou ne comptait pas envahir l’Ukraine.
" Nous devons observer la plus grande prudence ", a souligné pour sa part le représentant européen, " nous n’avons aucune raison de penser qu’un processus (de désescalade) va être amorcé ".
Les pays de l’Union européenne –21 sont membres de l’Otan– doivent avoir des " positions claires " pour les discussions sur l’architecture de sécurité de l’Europe et nous devons " formuler notre réponse au cas où la Russie mettrait à exécution ses menaces contre l’Ukraine ", a affirmé Josep Borrell.
Cette question de la " contribution précise de l’UE " au débat sera au coeur des réunions des ministres des Affaires étrangères et de la Défense des Vingt-Sept jeudi et vendredi à Brest (Ouest de la France).
Josep Borrell a évoqué des " sanctions coordonnées " et d’autres actions non spécifiées. " Nous ne sommes pas une alliance militaire, mais nous avons les moyens de faire avancer nos intérêts de sécurité et ceux de nos partenaires ", a-t-il affirmé.
AFP