La junte nigérienne continuait de faire la sourde oreille aux tentatives de dialogue de la Cedeao et des Etats-Unis, mardi 8 août. Tandis que la perspective d’une intervention militaire ouest-africaine s’éloigne, Washington prend le pas sur Paris en privilégiant la voix diplomatique, le secrétaire d’état américain Antony Blinken a insisté sur le risque posé par Wagner dans les pays du Sahel.

Le régime militaire issu d’un coup d’Etat au Niger semblait mardi insensible aux offres de négociations venues d’Afrique de l’Ouest et des Etats-Unis en vue d’éviter l’éventualité une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel.

Deux jours avant un sommet de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur la situation au Niger, les militaires au pouvoir à Niamey ont fait savoir qu’ils ne pouvaient pas accueillir une délégation de l’organisation régionale pour des raisons de " sécurité ".

Le report de la visite de la délégation ouest-africaine s’ajoute à un autre signe de défiance des nouveaux dirigeants nigériens, la nomination lundi soir d’un Premier ministre civil, Ali Mahaman Lamine Zeine, qui apparaît comme la première étape vers la désignation d’un gouvernement de transition.

Le président du Nigeria Bola Tinubu, à la tête de la Cedeao, estime que " la dipomatie " est la " meilleure voie à suivre " pour résoudre la crise au Niger, a annoncé mardi à la presse son porte-parole Ajuri Ngelale.

Les Etats-Unis, partenaire privilégié avec la France dans la lutte contre les groupes jihadistes qui minent ce pays et une grande partie de la région du Sahel, ont également tenté le dialogue.

La numéro deux de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, est venue lundi à Niamey pour rencontrer les auteurs du coup d’Etat, réunion à laquelle n’a pas participé le général Abdourahamane Tiani, nouvel homme fort du Niger.

" Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation ", a pour sa part déclaré à la radio française RFI le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken.

Dans un entretien à la BBC britannique, il a ensuite averti que la société de mercenaires russe Wagner, déjà installée au Mali profitait de l’instabilité au Niger voisin.

Wagner offre un catalogue de services aux régimes africains en difficulté. Au Mali et en Centrafrique, il protège le pouvoir en place, propose des formations militaires, voire des conseils juridiques pour réécrire le code minier ou la constitution. En échange, il pratique la prédation et se paye sur les ressources locales, notamment minérales.

Le département d’Etat américain a enfin affirmé mardi avoir toujours espoir que soit mis fin au coup d’Etat au Niger, restant néanmoins " réaliste " sur la situation, au moment où les militaires au pouvoir à Niamey ont décliné l’accueil d’une délégation de la Cedeao

La France, ancienne puissance coloniale régulièrement vilipendée lors de manifestations en Afrique de l’Ouest, a déclaré mardi qu’elle appuyait " les efforts des pays de la région pour restaurer la démocratie " au Niger.

Si les relations des nouveaux maîtres de Niamey sont tendues avec les pays occidentaux et la plupart des pays africains qui ont condamné le coup d’Etat, elles sont excellentes avec le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force, respectivement depuis 2020 et 2022.

Malo Pinatel, avec AFP