À quatre reprises depuis mars, lorsque Donald Trump a fait l’objet d’inculpations, celui-ci est parvenu à générer des fonds de campagne importants et à voir sa cote de popularité augmenter. Les récentes poursuites concernant l’ingérence dans les élections en Géorgie en constituent le dernier exemple en date.

A chaque inculpation, Donald Trump lève des sommes folles et grimpe dans les sondages. Loin de nuire à l’ancien président, ses déboires judiciaires lui offrent pour l’instant une manne précieuse dans un pays où les victoires électorales se remportent à coups de milliards de dollars.

Dimanche, avant même sa quatrième inculpation en Géorgie, le républicain, candidat à la présidentielle de 2024, lançait déjà un courriel à ses partisans, les invitant à se révolter… en mettant la main au portefeuille.

" Le ministère de la Justice de Biden essaie de me faire EMPRISONNER A VIE ", plaidait-il, sans preuves, avant d’inciter ses " patriotes " à faire un don de 24 à 1.000 dollars à sa campagne.

" La survie de notre République ne tient plus qu’à un fil, l’Amérique a besoin de vous ", assurait-il.

Depuis sa première inculpation au printemps à New York, le tempétueux septuagénaire inonde ses partisans de SMS et courriels de ce type, usant et abusant d’un lexique incendiaire.

Les quatre affaires dans lesquelles il a été inculpé? " Des chasses aux sorcières ". Le président démocrate Joe Biden? Une " crapule " à la tête d’une " dictature en toc ", qui tente d' "éliminer son principal adversaire politique ".

Le résultat est sans appel: l’équipe de campagne du républicain a annoncé avoir levé plus de 4 millions de dollars en 24 heures après sa première inculpation, pour des paiements douteux à une actrice de films pornographiques.

Et s’est vantée d’avoir récolté près de 7 millions de dollars juste après sa deuxième inculpation, pour sa gestion jugée négligente de secrets d’Etat.

Illustration de l’influence que Donald Trump conserve sur sa base, des milliers d’Américains répondent à ses appels aux dons.

Comme Jim Wood, retraité rencontré par l’AFP à Washington le jour de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, et qui a déjà donné près de 400 dollars au milliardaire républicain depuis sa première inculpation, selon des données publiques.

Ce sexagénaire du New Hampshire est convaincu que Donald Trump est victime d’une persécution politique, et promet à l’AFP: " Je continuerai à lui donner de l’argent, même s’il va en prison ".

Le trésor de guerre et la mobilisation de ses partisans sont d’autant plus précieux que les campagnes de levées de fonds du candidat avant ses inculpations n’avaient pas très bien réussi. A chaque nouvelle enquête, le républicain bénéficie désormais de ce que les experts politiques surnomment l' "indictment bump " — le " rebond lié à l’inculpation ".

Un enthousiasme que l’on retrouve également dans les sondages: depuis sa première inculpation qui avait fait l’objet d’une attention médiatique vertigineuse, l’ancien président a aussi gagné 9 points dans la course pour les primaires républicaines, selon l’agrégateur RealClearPolitics.

" Chaque fois qu’ils m’inculpent, nous grimpons ", lance Donald Trump lors de ses meetings de campagne. Et de prétendre, volontiers provocateur, juste après sa troisième inculpation, qu’il ne lui " manque qu’une inculpation supplémentaire pour gagner cette élection ".

Mais si l’ancien président et son entourage se plaisent à vanter les montants faramineux récoltés grâce à ces ennuis judiciaires, ces derniers sont pourtant à double tranchant. La montagne de frais liée à ces inculpations est telle que le candidat n’a désormais d’autre choix que de puiser dans ses fonds de campagne.

Des frais d’avocat qui ne sont ainsi pas dépensés dans des publicités à la télévision, des meetings ou des déplacements.

" Trump a déjà dépensé un pourcentage important de ses dons en frais de justice ", explique le politologue Larry Sabato à l’AFP. Ces dépenses, prédit ce professeur à l’Université de Virginie, " ne feront qu’augmenter pendant des mois et des mois, voire des années ".

Malo Pinatel, avec AFP