Plusieurs sites gouvernementaux ukrainiens ont été la cible vendredi d’une cyberattaque de grande ampleur, une agression d’origine inconnue, mais qui s’est produite dans un contexte de vives tensions entre Kiev et Moscou.

L’Ukraine et ses alliés occidentaux ont accusé à maintes reprises Moscou de mener des attaques informatiques contre leurs sites et infrastructures, ce dont la Russie se défend.

Les sites de ministères, dont ceux des Affaires étrangères et des Situations d’urgence, étaient inaccessibles vendredi matin, a constaté l’AFP. Les autorités n’ont cependant pas indiqué si des infrastructures informatiques étaient également désactivées ou perturbées.

" Les sites du ministère des Affaires étrangères et d’un certain nombre d’autres agences gouvernementales sont temporairement hors service ", a indiqué le porte-parole de la diplomatie ukrainienne.

" Nos experts sont à pied d’oeuvre pour rétablir le fonctionnement des systèmes informatiques et la police a ouvert une enquête ", a-t-il ajouté.

Avant que le site du ministère des Affaires étrangères ne soit rendu inaccessible, un message menaçant avait été publié par les auteurs de la cyberattaque sur sa page d’accueil en ukrainien, en russe et en polonais.

" Ukrainiens, prenez peur et préparez-vous au pire. Toutes vos données personnelles ont été téléchargées sur le Web ", pouvait-on lire, selon un correspondant de l’AFP. Ce message était accompagné de plusieurs logos, dont un drapeau ukrainien barré.

Le piratage de vendredi n’a pas été revendiqué dans l’immédiat et les autorités n’ont accusé encore personne, mais il intervient dans un contexte de tensions croissantes entre l’Ukraine et la Russie voisine, que Kiev et ses alliés occidentaux accusent de planifier une nouvelle invasion du territoire ukrainien.

Une attaque informatique d’ampleur visant les infrastructures stratégiques ukrainiennes afin de désorganiser les autorités est un des scénarios évoqués comme pouvant être le signe avant-coureur d’une offensive militaire classique.

L’Ukraine a plusieurs fois été la cible de cyberattaques prêtées ces dernières années à la Russie, notamment en 2017 contre plusieurs infrastructures critiques et en 2015 contre son réseau d’électricité.

La justice américaine a révélé en octobre avoir inculpé six agents du renseignement militaire russe pour ces cyberattaques mais aussi pour d’autres à travers le monde comme celles qui ont visé le parti de l’actuel président français Emmanuel Macron avant l’élection présidentielle de 2017 et les Jeux olympiques de 2018 en Corée du Sud.

Ces pirates informatiques russes, âgés de 27 à 35 ans, sont accusés d’avoir mené leurs opérations entre 2015 et 2019 depuis un bâtiment de l’Armée surnommé " La Tour ", à Moscou, " pour le bénéfice stratégique de la Russie ", selon l’acte d’inculpation américain.

Ils sont soupçonnés aussi d’avoir mené l’attaque mondiale au logiciel malveillant NotPetya.

En juin 2017, ce " rançongiciel " avait contaminé des milliers d’ordinateurs à travers le monde, perturbant des infrastructures critiques, comme les contrôles sur le site de l’accident nucléaire de Tchernobyl en Ukraine.

Toujours en Ukraine, en 2015, une cyberattaque avait provoqué une importante coupure d’électricité pendant plusieurs heures dans l’Ouest du pays. L’attaque avait été attribuée à la Russie, mais celle-ci n’a jamais reconnu sa responsabilité.

Plusieurs attaques DDos (par dénis de service) venues de Russie ont également déjà frappé la Commission électorale ukrainienne, selon Kiev.

Plusieurs sessions de pourparlers entre responsables russes et occidentaux ont eu lieu ces derniers jours pour désamorcer la crise autour de l’Ukraine, sans aucune avancée.

Moscou a indiqué ne pas voir l’intérêt de reprendre ces discussions à court terme, tout en assurant n’avoir aucune " intention " d’envahir son voisin ".

La Russie a envahi puis annexé la péninsule ukrainienne de Crimée après une révolution pro-occidentale en 2014.

Moscou est aussi largement considéré comme le parrain militaire et financier des séparatistes prorusses en guerre avec les autorités ukrainiennes dans l’Est du pays depuis 2014.

AFP

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