Le pape François s’est rendu en Mongolie pour un voyage visant à renforcer les liens avec la Russie et la Chine, à partir de mercredi 30 août. Ce voyage du pape comprend des rencontres interreligieuses et des discussions sur des problèmes tels que le changement climatique. Pour le Côté Russe, le pape cherche depuis le début de l’invasion en Ukraine à ouvrir des perspectives en vue d’une issue pacifique, sans succès jusqu’ici.

Le pape François se rend cette semaine en Mongolie, une destination surprenante au vu de sa minuscule communauté catholique, mais un pays stratégique en raison de sa localisation entre deux superpuissances, la Russie et la Chine.

En choisissant de s’envoler jeudi pour ce pays bouddhiste peu peuplé, le pape argentin, qui y séjournera jusqu’au 4 septembre, y voit aussi sans doute un moyen de se rapprocher de ses deux grands voisins.Ce long voyage, qui inclut un vol de neuf heures entre Rome et la capitale mongole Oulan-Bator, sera un test pour la santé du pontife de 86 ans, qui a subi en juin une lourde opération de l’abdomen sous anesthésie générale et peine à marcher.Ex-satellite de l’Union soviétique devenu une démocratie en 1992, la Mongolie compte l’une des plus petites communautés catholiques du monde, évaluée à quelque 1.400 membres sur un total de quelque trois millions d’habitants. Le pays, qui compte 25 prêtres (dont seulement deux Mongols) et 33 religieuses, se targue d’avoir le plus jeune cardinal de l’Église catholique.

Le déplacement de François à Oulan-Bator manifeste son désir de porter le message de l’Église aux marges du monde, bien loin de Rome, tout en promouvant le dialogue interreligieux.

Son voyage a aussi une dimension géopolitique indéniable. La vision à long terme du Vatican est d’avoir " une présence (…) dans des pays où ce n’est pas forcément une évidence ", estime Paul Elie, du Centre pour la Religion, la Paix et les Affaires mondiales de l’université de Georgetown à Washington, dans un entretien avec l’AFP.

Position stratégique

Autrefois partie intégrante de l’empire du conquérant Gengis Khan, la Mongolie, grande comme trois fois la France et enclavée entre les géants russe et chinois sans accès à la mer, dépend de Moscou pour son approvisionnement énergétique et de Pékin pour écouler ses ressources minières, essentiellement le charbon.

Ce pays cherche à garder une ligne neutre entre ses deux voisins, tout en développant ses relations avec des pays tiers comme les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud.

Une position potentiellement utile pour le Saint-Siège, qui a renouvelé avec Pékin en 2022 un accord historique signé en 2018 sur l’épineuse question de la nomination des évêques en Chine, sur fond de tensions concernant la situation des catholiques sous le régime communiste.

Côté Russie, le pape cherche depuis le début de l’invasion en Ukraine à ouvrir des perspectives en vue d’une issue pacifique, sans succès jusqu’ici.

Changement climatique

Dimanche, il s’exprimera lors d’une rencontre interreligieuse (l’une de ses cinq interventions en public) et présidera une messe à l’intérieur d’un stade de hockey sur glace.

Le pape pourrait profiter de ce voyage pour s’exprimer de nouveau sur l’impact du changement climatique, qui avec l’activité minière et le pâturage excessif accélère la désertification du pays.

Les phénomènes météorologiques extrêmes, des inondations aux tempêtes de sable en passant par les sécheresses, ont décimé les troupeaux de bétail des grandes prairies, contraignant les nomades, qui représentent un tiers de la population, à émigrer dans des bidonvilles autour de la capitale.

La visite du pape s’inscrit dans le ballet diplomatique ayant entouré la Mongolie ces derniers mois: le président français Emmanuel Macron s’y est rendu en juin et le Premier ministre Luvsannamsrai a été reçu à Washington courant août.

L’an dernier, une délégation de moines bouddhistes et de prêtres catholiques a été reçue au Vatican pour marquer le 30e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Mongolie.

Maria Chami avec AFP