Les États-Unis ont exhorté mercredi l’armée gabonaise à préserver le régime civil tout en exprimant leur inquiétude après la destitution du président sortant Ali Bongo Ondimba à la suite d’un scrutin contesté.

" Nous exhortons les responsables à libérer les membres du gouvernement et leurs familles, à assurer leur sécurité et à préserver le régime civil ", a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, dans un communiqué.

Le commandant en chef de la Garde républicaine, l’unité d’élite de l’armée du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a été nommé " président de la transition " par les militaires putschistes dans un communiqué lu à l’antenne de la télévision Gabon 24.

“Le général Oligui Nguema Brice a été désigné à l’unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la transition”, a déclaré un officier en présence de dizaines d’officiers supérieurs et généraux, qui représentent tous les corps de l’armée gabonaise, selon le communiqué. La durée de la transition des militaires au pouvoir n’a pas été précisée.

Le président de la Commission de l’Union africaine (UA) " condamne fermement la tentative de coup d’État " au Gabon, dénonçant " une violation flagrante " des principes de l’organisation continentale, dans un communiqué publié mercredi.

Moussa Faki Mahamat " appelle l’armée nationale et les forces de sécurité à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l’intégrité physique du président de la République (Ali Bongo Ondimba), des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement ".

Le secrétaire général de l’ONU " condamne fermement la tentative de coup d’Etat en cours " au Gabon, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric, appelant tous les acteurs à la " retenue " et au " dialogue ".

Antonio Guterres " note avec une grande inquiétude l’annonce des résultats des élections dans le contexte d’informations concernant des violations graves des libertés fondamentales; il condamne fermement la tentative de coup d’Etat en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale ", a-t-il indiqué, appelant les forces de sécurité à " garantir l’intégrité physique du président de la République et de sa famille ".

Le président Bongo appelle ses " amis " à " faire du bruit "

Le président du Gabon Ali Bongo Ondimba, placé en résidence surveillée par des militaires qui l’ont destitué à l’issue d’un coup d’État mercredi, appelle " tous " ses " amis " à " faire du bruit ", dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

On l’y voit, sans pouvoir déterminer le moment où la vidéo a été tournée, assis dans un fauteuil, et il assure être dans sa " résidence ".

Manifestement inquiet, il dit en anglais : " Je suis Ali Bongo Ondimba, président du Gabon ", " j’envoie un message à tous nos amis dans le monde entier pour leur dire de faire du bruit " à propos " des gens qui m’ont arrêté, moi et ma famille ", dit en anglais.

Ali Bongo, qui dirige, à 64 ans, le Gabon depuis plus de 14 ans, avait été proclamé, quelques instants avant le putsch, vainqueur de l’élection de samedi.

" Mon fils est quelque part, ma femme est dans un autre endroit, et moi je suis à la résidence et rien ne se passe, je ne sais pas ce qui se passe ", poursuit M. Bongo. " Je vous appelle pour faire du bruit ", répète-t-il trois fois.

Son fils et proche conseiller Noureddin Bongo Valentin a été " arrêté " avec six autres jeunes membres de l’entourage professionnel proche de M. Bongo, notamment pour " haute trahison ", " détournements massifs de denier publics " et " falsification de la signature " du chef de l’État, ont annoncé les militaires putschistes en fin de matinée.

Les militaires n’ont rien dit du sort de son épouse franco-gabonaise Sylvia Bongo Ondimba.

Le président Ali Bongo Ondimba, a été " mis en retraite ", a affirmé mercredi au journal français le Monde le chef de la garde républicaine, un des acteurs du coup d’État militaire, le général Brice Oligui Nguema.

Ali Bongo, actuellement en résidence surveillée, " est mis à la retraite, il jouit de tous ses droits. C’est un Gabonais normal, comme tout le monde ", a déclaré le militaire putschiste.

" Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités ", a-t-il fait valoir.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP