Le nouveau dirigeant du Gabon,le général Brice Oligui Nguema, a annoncé le respect de tous les " engagements " du Gabon, " extérieurs et intérieurs ", jeudi 31 août. Celui-ci sera intronisé président d’un pouvoir de " transition " lundi 4 septembre, six jours après avoir renversé le président Ali Bongo.

Le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, sera intronisé lundi président d’un pouvoir de " transition " à la durée encore indéterminée mais l’opposition exhorte les putschistes à reconnaître plutôt la " victoire " de son candidat à la présidentielle.

Le général Oligui, à la tête des militaires qui ont renversé mercredi le président Ali Bongo Ondimba à peine proclamé réélu dans un scrutin que les putschistes estiment truqué, a également promis la " mise en place progressive des institutions de la transition " et le respect de tous les " engagements " du Gabon, " extérieurs et intérieurs ".

Le chef de l’Etat, placé en résidence surveillée par les militaires, avait été élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait sans partage depuis plus de 41 ans ce pays très riche de son pétrole et pilier de la " Françafrique ".

Scènes de liesse à Libreville

Le coup d’Etat, perpétré sans effusion de sang apparente, a donné lieu à des scènes de liesse dans les quartiers populaires de Libreville, où de petites foules applaudissaient copieusement chaque véhicule de militaires ou policiers qui passait et hurlaient " Le Gabon est libéré! " ou " A bas les Bongo! "

Jeudi, les mutins ont annoncé que le général Oligui prêtera serment lundi 4 septembre devant la Cour constitutionnelle, dont ils ont annoncé le " rétablissement temporaire ".

Le nouvel homme fort a aussi demandé à " tous les responsables des services de l’Etat " d’assurer " la continuité du fonctionnement de tous les services publics ".

A l’annonce de leur putsch, les militaires avaient fustigé des élections truquées mais surtout " une gouvernance irresponsable et imprévisible ". Le Gabon, pays parmi les plus riches d’Afrique par habitant notamment grâce à son pétrole, est gangrené depuis des décennies par une corruption endémique, surtout au sommet de l’Etat.

L’opposition veut recompter les voix

L’opposition est sortie jeudi de son silence, pour demander aux putschistes de reconnaître la " victoire " de leur candidat, Albert Ondo Ossa, à la présidentielle.

Après avoir remercié vivement, au nom de la " Patrie reconnaissante ", l’armée de s’être " dressée contre un coup d’Etat électoral ", le porte-parole de la plateforme d’opposition Mike Jocktane l’a invitée à " superviser " la " reprise du processus de centralisation des résultats " de la présidentielle qui " verra la victoire de M. Ondo Ossa dans les urnes officialisée ".

Pour sa part, le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell a souligné que le putsch militaire faisait suite à des élections " pleines d’irrégularités ".

Ali Bongo, principal héritier de l’immense fortune d’Omar, propriétaire de nombreuses résidences de luxe notamment en Grande-Bretagne et en France, a été jusqu’alors épargné, en tant que chef d’Etat, par la procédure judiciaire dite des " biens mal acquis " en France, dans laquelle neuf autres enfants du " patriarche " décédé en 2009 sont inculpés.

Pour l’heure, les putschistes semblent également lui faire grâce de ces accusations. Ils qualifient Ali Bongo de " Gabonais normal, " " mis à la retraite ". Mais ils ont arrêté, notamment pour " détournements massifs de deniers publics " et " falsification de la signature " du président, son fils Noureddin Bongo Valentin et six autres membres dits de la " jeune garde " au sein de la présidence.

Malo Pinatel, avec AFP