Le leader nord-coréen Kim Jong Un devrait prochainement se rendre en Russie pour y rencontrer Vladimir Poutine, selon une déclaration d’une officielle de la Maison Blanche, lundi 4 septembre. Cette visite aurait pour but de discuter de la livraison d’un stock toujours plus important d’armes à destination du Kremlin, celui-ci faisant face à un risque de pénurie dans le cadre de son invasion de l’Ukraine.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a l’intention de se rendre en Russie pour discuter avec le président Vladimir Poutine de ventes d’armes de Pyongyang à Moscou pour sa guerre en Ukraine, a affirmé lundi la Maison Blanche.

Pour combler son manque d’armes et, surtout, une pénurie de munitions et de composants, la Russie, championne des exportations d’armements à l’époque soviétique, doit à présent solliciter ses alliés ou ex-alliés pour s’approvisionner. Après l’Iran, et l’Egypte (qui a refusé sous pression américaine), le Kremlin frappe à la porte de la Corée du Nord. (KCNA via AFP)

Mercredi, le porte-parole en chef du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, s’était déjà alarmé de l’avancée rapide de ces négociations sur de futures livraisons d’armes de Pyongyang à Moscou et avait sommé le régime communiste de " cesser " ces discussions.

Ces armements seraient " utilisés contre l’Ukraine ", avait ajouté l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Selon le New York Times, Kim Jong Un devrait se rendre à Vladivostok, sur la côte est de la Russie, à bord d’un train blindé dans le courant du mois, pour y rencontrer Vladimir Poutine.

Obus contre sous-marins

Les déplacements à l’étranger du dirigeant nord-coréen sont rares. Outre ses voyages à Singapour et au Vietnam en 2018 et 2019 pour des sommets avec le président américain de l’époque Donald Trump, Kim Jong Un a effectué quatre visites en Chine. Il a aussi déjà rencontré M. Poutine à Vladivostok en 2019.

Le New York Times précise que M. Poutine souhaite obtenir des obus d’artillerie et des missiles antichars nord-coréens.

C’est dans le domaine des missiles tactiques que l’armée russe souffre d’une pénurie grave. (KCNA via AFP)

M. Kim chercherait quant à lui à acquérir des technologies de pointe pour satellites et sous-marins, ainsi qu’une aide alimentaire.

Washington a déclaré la semaine dernière que la Corée du Nord avait fourni des roquettes d’infanterie et des missiles à la Russie en 2022, destinés à être utilisés par le groupe paramilitaire privé Wagner.

La Maison Blanche a de nouveau dénoncé lundi la visite fin juillet du ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou en Corée du Nord, où il a assisté à un défilé militaire aux côtés de Kim Jong Un, afin de " tenter de convaincre Pyongyang de vendre à la Russie des munitions d’artillerie ".

Violation des résolutions du CSNU

La semaine dernière, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud et le Japon ont déclaré que tout accord visant à accroître la coopération entre la Russie et la Corée du Nord violerait les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU), interdisant les ventes d’armes à Pyongyang, résolutions que Moscou a elle-même approuvées.

Selon Cho Han-bum, chercheur à l’Institut coréen pour l’Unification nationale, des sanctions internationales ne permettront pas d’empêcher un quelconque échange d’armes entre Pyongyang et Moscou.

Le mois dernier, Washington a sanctionné trois entités accusées de chercher à faciliter les ventes d’armes entre la Corée du Nord et la Russie.

Elles étaient liées à un ressortissant slovaque déjà sanctionné par le Trésor américain en mars pour avoir permis des ventes d’armes entre Pyongyang et Moscou, selon le département du Trésor.

Selon cette même source, la Russie continue à épuiser ses munitions et à perdre ses équipements lourds en Ukraine, l’obligeant à se tourner vers son groupe restreint d’alliés pour obtenir de l’aide.

Moscou a refusé mardi de confirmer l’information de Washington sur la tenue d’un tel sommet, mais a évoqué la possibilité d’organiser des exercices militaires conjoints.

Georges Haddad, avec AFP