Le chef de la junte au pouvoir au Gabon a désigné jeudi un opposant au président déchu Ali Bongo Ondimba pour former un nouveau gouvernement. Les putschistes avaient permis la veille à l’ex-chef de l’Etat de quitter le pays, mais son épouse Sylvia et son fils Noureddin Bongo Valentin sont toujours détenus, accusés de " détournements massifs " d’argent public.

Le Président de la transition au Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a nommé jeudi Premier ministre Raymond Ndong Sima, un économiste et virulent opposant au président Ali Bongo Ondimba, renversé par les militaires il y a une semaine.

M. Ndong Sima, 68 ans, avait été chef du gouvernement de M. Bongo de 2012 à 2014, mais s’était éloigné du pouvoir qu’il accusait depuis de mauvaises gouvernances, jusqu’à se présenter aux présidentielles de 2016 et 2023. Pour cette dernière, il s’était désisté au dernier moment au profit d’un candidat commun de l’opposition.

Le Premier ministre de la Transition est natif de la province du Woleu-Ntem, berceau de l’ethnie Fang majoritaire au Gabon, et l’un des fiefs historiques de l’opposition à la famille Bongo, qui dirigeait le pays depuis plus de 55 ans. Il est notamment diplômé d’économétrie à l’Université Paris-Dauphine de Paris.

Mardi, le général Oligui a annoncé que M. Bongo, jusqu’alors en résidence surveillée à Libreville, " était libre de ses mouvements " et, " compte-tenu de son état de santé ", de " se rendre à l’étranger " pour des contrôles médicaux. Le chef de l’Etat déchu a subi un grave AVC en 2018 dont il garde des séquelles physiques.

Les militaires ont arrêté l’un des fils du président déchu, Noureddin Bongo Valentin, et six autres jeunes proches collaborateurs de M. Bongo ou de son épouse Sylvia, les montrant à la télévision à leurs domiciles au pied de malles, valises et sacs débordant de billets de banque pour l’équivalent de dizaines de millions d’euros.

Et, comme l’opposition depuis plusieurs années, les putschistes accusent l’ex-Première dame et son fils Noureddin d’avoir été les " véritables dirigeants du pays " et de " détournements massifs " d’argent public, en manipulant un chef de l’Etat affaibli par son AVC. Sylvia Bongo est " détenue au secret ", selon ses avocats.

Ali Bongo avait été élu en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait depuis plus de 41 ans ce petit Etat parmi les plus riches d’Afrique grâce à son pétrole, mais où un tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Georges Haddad, avec AFP