De la Syrie à l’Ukraine, les liens militaires " florissants " entre la Russie et l’Iran inquiètent les États-Unis, alors que Téhéran pourrait bénéficier des technologies apportées à ses drones utilisés par Moscou, a déclaré mercredi Alexus Grynkewich, commandant de la Ninth US Air Force et ancien directeur des opérations du Centcom.

L’Iran, très proche de Moscou notamment sur le dossier syrien, est accusé par les pays occidentaux de livrer en quantité des drones, notamment explosifs, à l’armée russe pour l’aider dans sa guerre en Ukraine, ce que Téhéran dément.

Le lieutenant général Alexus Grynkewich, commandant de la Ninth US Air Force et ancien directeur des opérations du Centcom. (AFP)

" Il y a un risque que, lorsque la Russie accepte les drones de l’Iran, lorsqu’elle modifie ces armes, une partie de cette technologie soit partagée avec l’Iran (et) lui donne des capacités supplémentaires ", a déclaré le lieutenant général Alexus Grynkewich, lors d’un point presse à Abou Dhabi.

" Et je vois un peu les implications de cette relation à l’oeuvre en Syrie. Qui aurait jamais pensé que la Fédération de Russie aurait besoin de l’Iran pour ses capacités militaires ? Et pourtant ", a-t-il ajouté devant les journalistes.

Les drones sont devenus un élément central de la stratégie militaire de la Russie et de l’Iran, deux pays faisant l’objet de lourdes sanctions occidentales.

L’Iran a dévoilé fin août la nouvelle version d’un drone militaire capable de voler 24 heures et de transporter toutes sortes d’armements. Le Mohajer 10 est destiné à enrichir les capacités de défense aériennes de la République islamique.

Alexus Grynkewich s’est dit " préoccupé " par le renforcement de " la coopération et la collusion entre la Russie et l’Iran en Syrie ", Moscou et Téhéran y étant déjà les principaux soutiens du président Bachar al-Assad dans la guerre civile qui ravage le pays depuis 2011.

Le militaire américain a assuré que les Etats-Unis " surveillaient de très près " cette coopération russo-iranienne, déplorant le " soutien économique, politique et militaire " de Téhéran à la Syrie, le régime de Damas ayant récupéré la plupart des territoires perdus au début du conflit.

" Cette relation florissante me préoccupe sur le plan militaire ", a insisté le général Grynkewich.

Alexus Grynkewich s’exprimait depuis les Emirats arabes unis, dans une région du Golfe où les riches monarchies partenaires des Etats-Unis s’inquiètent d’un éventuel retrait américain du Moyen-Orient, Washington étant de plus en plus mobilisé en Asie.

Le responsable américain a assuré que son pays restait attaché à la sécurité de ses partenaires du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats, les deux pays les plus riches et influents du monde arabe.

" Nous n’allons nulle part ", a affirmé Alexus Grynkewich. " Même sans accord signé, je peux simplement vous dire que nous avons un engagement sans faille en faveur de la sécurité ici dans cette région ", a-t-il dit.

Un tel pacte sécuritaire formel entre Washington et Ryad pourrait toutefois être en cours de négociation, selon un rapport publié cette semaine par le New York Times.

Georges Haddad, avec AFP