Le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé l’envoi d’une force multinationale menée par le Kenya en Haïti, mardi 3 octobre. La situation sécuritaire sur l’île, dominée par les gangs, n’a cessé de se dégrader au cours des dernières décennies.

Après un an d’atermoiements, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert lundi à l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya pour aider la police dépassée par les gangs, une décision saluée comme une " lueur d’espoir " par Port-au-Prince.

Viols utilisés comme arme de terreur, snipers sur les toits, personnes brûlées vives, enlèvements contre rançons… Alors que la violence des gangs qui contrôlent la majorité de la capitale Port-au-Prince ne cesse de s’aggraver, le Premier ministre haïtien Ariel Henry et le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres réclamaient depuis un an presque jour pour jour l’envoi d’une mission de soutien à la police.

Mais, au sein d’une communauté internationale échaudée par les expériences passées dans le pays et les risques de se retrouver piégé dans un bourbier meurtrier, il a été difficile de trouver un volontaire pour en prendre la tête.

Jusqu’à fin juillet dernier où le Kenya a finalement annoncé être prêt à mener cette force non onusienne et à déployer 1.000 hommes dans le pays pauvre des Caraïbes.

La résolution adoptée lundi par 13 voix pour et 2 abstentions (Chine et Russie) valide la création de cette " mission multinationale de soutien à la sécurité ", non onusienne, pour " une période initiale de douze mois ", avec une réévaluation au bout de neuf.

Dans un récent rapport, Antonio Guterres soulignait que la crise économique, politique et sécuritaire que traverse Haïti s’est encore aggravée depuis un an, avec des gangs " plus nombreux et mieux armés " que les quelque 14.000 policiers comptabilisés fin juin 2023.

Au total, près de 2.800 meurtres ont été dénombrés entre octobre 2022 et juin 2023, dont près de 80 mineurs, selon ce rapport.

La résolution laisse aux futurs participants de la force le soin de déterminer le calendrier et la composition de la mission, en coopération avec Port-au-Prince. Le chiffre de 2.000 membres des forces de l’ordre a toutefois été souvent évoqué ces derniers mois.

Les Casques bleus de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), présente de 2004 à 2017, avaient apporté le choléra, entraînant une épidémie ayant fait plus de 10.000 morts. Cet épisode explique en partie que la future force n’opère pas sous drapeau de l’ONU.

Malo Pinatel, avec AFP