Son élection a eu lieu dans la douleur et avec de nombreuses concessions offertes aux trublions du Parti républicain. Le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été destitué mardi suite à une motion déposée par Matt Gaetz, trumpiste de son état. Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse

C’est une première dans l’histoire du Congrès américain: le chef républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été évincé mardi de son poste, victime de querelles fratricides au sein de son parti.

Après un débat tendu entre conservateurs dans l’hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210.

Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi, ce qui s’annonce très compliqué. Il est intervenu après qu’un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a eu déposé une motion pour destituer le " speaker ", pourtant membre de son parti.

Cet élu de Floride reproche principalement à Kevin McCarthy d’avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l’administration fédérale, auquel s’opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d’avoir conclu un " accord secret " avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l’Ukraine.

Or l’aile droite du Parti républicain s’oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Qu’importe que l’immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l’ait publiquement soutenu: les trumpistes disposaient d’un veto de fait à la Chambre, compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.

Un tel vote n’a pas eu lieu depuis plus d’un siècle aux États-Unis, et jamais aucun " speaker " n’avait été évincé de son poste.

Kevin McCarthy, 58 ans, pourrait-il tenter de revenir à son poste? L’hypothèse n’est pas farfelue, car il est en droit de se porter de nouveau candidat.

A ses risques et périls: il avait déjà été élu au forceps en janvier, en raison de la très mince majorité républicaine.

Pour accéder au perchoir, il avait dû faire d’énormes concessions avec une vingtaine de trumpistes, dont la possibilité que n’importe quel élu ait le pouvoir de convoquer un vote pour le destituer.

Une promesse qui est revenue le hanter mardi.

Georges Haddad, avec AFP