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L’attaque du Hamas a provoqué un bouleversement régional et a altéré le paysage politique, suspendant ainsi les efforts de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite. En conséquence, plusieurs parties politiques ont tenté d’exploiter cette situation pour soutenir leurs propres agendas dans la région.

Cette opération a réorganisé l’échelle des priorités, plaçant la solution à deux États pour la question palestinienne au premier plan – une solution qu’Israël et le gouvernement d’extrême droite, dirigé par Netanyahu, doivent désormais accepter.

Dans cette perspective, Netanyahu a cherché à impliquer l’opposition dans son gouvernement, pour en faire un gouvernement d’unité nationale et le transformer en gouvernement de guerre. Cette démarche visait à renforcer sa position politique, d’autant que des milieux occidentaux ont tenu son gouvernement pour responsable des événements, en raison des positions extrémistes des ministres de droite, qui "ont cherché à supprimer l’identité palestinienne et ont rejeté la solution à deux États". Tandis que Benny Gantz a rejoint le gouvernement, Yair Lapid, lui, a refusé de s’associer à Netanyahu au sein de cette coalition.

Un expert militaire affirme: "La guerre ne peut pas durer longtemps de peur qu’elle ne s’étende à de nouveaux fronts." En effet, le fait que Washington nie l’implication de l’Iran et du Hezbollah dans l’attaque, comme l’a souligné le secrétaire d’État, Antony Blinken, ainsi que le démenti par l’Iran de toute participation à l’attaque, et l’affirmation par Hamas qu’il est le seul architecte de l’opération, sont autant d’indices d’une volonté de ne pas élargir le conflit. Ainsi, des sources diplomatiques assurent que "Washington n’autorisera pas Netanyahu à réoccuper Gaza, car cela entraînerait une guerre régionale et ouvrirait les fronts de l’axe obstructionniste ("Moumanaa").

Parallèlement, Washington a mis en garde l’axe de la Moumanaa contre toute expansion des affrontements. L’ambassadrice des États-Unis au Liban a adressé un message sans équivoque au Hezbollah par l’intermédiaire de Nabih Berry, selon lequel "tout missile et toute attaque lancés depuis le Sud contre Israël seront imputés au gouvernement libanais et au Hezbollah, et la riposte sera extrêmement sévère". En contrepartie, M. Berry a exhorté ses visiteurs diplomatiques à exercer une pression sur Israël pour mettre fin aux opérations militaires, accepter la solution à deux États et  rejoindre la table des négociations.

Par conséquent, les déclarations émanant des responsables du Hezbollah, l’état de mobilisation pour faire face à tout développement et la limitation des représailles aux règles d’engagement dans le Liban-Sud, confirment que le Hezbollah n’a pas l’intention de se livrer à une escalade, tout comme Israël n’a pas la "capacité" d’ouvrir un front dans le Sud.

Cependant, cette équation pourrait basculer à tout moment si Israël décidait d’envahir et si les forces américaines venaient à s’impliquer dans le conflit. Dans ce cas-là, tous les fronts pourraient s’ouvrir, comme l’a affirmé un responsable du Hezbollah, cité par un homme politique proche du camp du 8 Mars.

L’arrivée du secrétaire d’État américain Antony Blinken et de son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian dans la région, ainsi que les positions qu’ils ont exprimées, ont renforcé les doutes et confirmé l’absence de volonté d’élargir la guerre. Au contraire, leurs déclarations ont souligné la nécessité de mettre fin aux opérations militaires afin d’éviter davantage de pertes en vies humaines.

L’attaque israélienne contre les aéroports de Damas et d’Alep, en Syrie, les mettant hors service, constitue un avertissement explicite à l’axe obstructionniste, signifiant que toute participation aux combats entraînera des représailles sévères. Netanyahu a déclaré que le but des frappes à Gaza était d’éliminer le Hamas.

Qu’adviendra-t-il après l’opération?

Il est impossible de spéculer aujourd’hui sur la nature de la prochaine phase, tant que les opérations militaires se poursuivent.

Cependant, des sources proches du Hamas s’attendaient à imposer à Israël la solution à deux États et à négocier au nom de la Palestine, avec l’implication de l’Iran dans la décision. tandis que les Israéliens s’efforcent de mettre fin au Hamas et à l’empêcher de participer aux négociations au nom de l’Iran.

Ainsi, des sources occidentales confirment que les pourparlers auront lieu avec l’Autorité palestinienne, seul représentant légitime du peuple palestinien, à la suite de la réconciliation interne palestinienne promue par l’Égypte et la Turquie, parallèlement à la formation d’une nouvelle Autorité palestinienne.

Dans ce contexte, des sources bien informées indiquent qu’il ne sera pas question de normalisation après le Déluge d’Al-Aqsa, à moins qu’Israël ne reconnaisse officiellement la solution à deux États et que des positions saoudiennes, égyptiennes et qataries appelant à un règlement global et à la cessation des opérations militaires ne soient exprimées.

Quelle solution au conflit cherche la communauté internationale? Un diplomate occidental affirme que la solution repose sur l’émergence d’un nouveau Moyen-Orient et de nouvelles alliances, ainsi que sur la mise en œuvre des accords d’Abraham impliquant Israël et les pays arabes afin de lancer le processus de solution à deux États et de délimitation de leurs frontières.

Cela s’accompagnerait également de la délimitation des frontières terrestres du Liban au sud, ainsi que de la définition précise de ses frontières maritimes et terrestres avec la Syrie. Ainsi, un nouveau Moyen-Orient démilitarisé serait établi, garantissant la sécurité de la région pétrolière, de l’Égypte à la Grèce.

Un diplomate européen reconnaît que le chemin vers une solution globale est long et ardu. Le président Joe Biden cherche à placer la région sur la voie de la solution globale pour exploiter cette dynamique dans sa campagne présidentielle.

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