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L’incident de dimanche soir à l’aéroport de Makhatchkala, en République russe du Daguestan, soulève des questions plus larges que le simple acte en lui-même. Alors que nous naviguons à travers une ère marquée par des changements politiques, économiques et technologiques rapides, la montée des extrémismes devient un symptôme inquiétant d’une humanité fracturée.

Selon l’historien français Michel Winock, "l’extrémisme en politique est souvent associé à la jeunesse, période où la vision du monde est souvent binaire. La maturation conduit généralement à une modération des vues. Toutefois, l’extrémisme n’est pas l’apanage de la jeunesse; il peut persister à tout âge. Comme l’a écrit Cesare Pavese, ‘il y a quelque chose de plus triste que de vieillir, et c’est de rester enfant’. Les extrémistes cherchent la pureté et l’absolu, refusant la complexité inhérente de la nature humaine et sociale. Ils sont attirés par des idéaux clairs, comme l’union derrière un chef ou l’élimination des classes sociales. Leur recherche de pureté est souvent en opposition à tout ce qui est altérable ou compromis."

Alors, comme pour tout ce qui est extrême, il n’y a plus de place pour la nuance. La violence devient l’unique réponse au besoin impérieux de s’affirmer.

Comment l’extrémisme érode-t-il les fondements de notre société?

Que s’est-il passé au Daguestan qui est une République à majorité musulmane au sein de la Russie? Une centaine d’hommes brandissant des drapeaux palestiniens ont pris d’assaut l’aéroport jusqu’à occuper son tarmac. Un avion en provenance de Tel-Aviv venait de s’y poser. Ces individus étaient tout simplement à la recherche de citoyens israéliens afin de leur infliger leur propre "justice".

Il s’agit d’un acte qui, dans ce contexte, serait révélateur de la manière dont le conflit Israël-Hamas peut susciter des réactions violentes contre les citoyens israéliens dans des pays qui n’ont aucune implication directe dans le conflit.

Cette action menée à Makhatchkala sert de catalyseur à une question plus vaste: qu’arrivera-t-il si de tels actes d’extrémisme se multiplient, se répandent et deviennent la norme plutôt que l’exception? Un incident de cette ampleur en Russie indique clairement que nul n’est vraiment à l’abri de telles manifestations violentes.

Des extrémismes multiples aux conséquences multiples

L’extrémisme ne se limite pas à une idéologie ou à une religion. Il existe sous de nombreuses formes: extrémisme religieux, politique, racial, etc. Chacun porte en lui le potentiel de déstabiliser la société, de polariser davantage les communautés et de marginaliser les voix modérées. Les actes extrémistes peuvent avoir des conséquences indirectes, y compris la montée de mouvements populistes et nationalistes en réaction, la limitation des libertés civiles au nom de la sécurité et la propagation de la méfiance entre différentes communautés. Avec la montée des médias sociaux et des plateformes en ligne, il est plus facile que jamais de propager des idéologies extrémistes et d’organiser des actes de violence.

Vers une spirale ascendante?

Si cette tendance à l’extrémisme n’est pas contrôlée, nous pourrions entrer dans une spirale ascendante de représailles et d’escalade. Chaque acte pourrait en engendrer un autre, dans une course sans fin à la radicalisation. La question cruciale est de savoir si la communauté internationale, déjà fragmentée sur de nombreux fronts, serait capable de se mobiliser pour contrer cette menace.

L’incident de Makhatchkala doit servir de sonnette d’alarme. Si la montée des extrémismes est laissée sans contrôle, l’avenir pourrait être marqué par une inquiétante série d’actes barbares, sapant les fondements mêmes de la civilisation mondiale…