Dernier rebondissement dans la crise ukrainienne, le Royaume-Uni a accusé samedi la Russie de " chercher à installer un dirigeant prorusse à Kiev " et d' "envisager " d' "occuper " l’Ukraine. La guerre des déclarations est donc relancée de plus belle au lendemain de pourparlers à Genève entre le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d’une réunion qui semblait avoir amorcé une détente.

Dans un communiqué abrasif, la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a dénoncé " l’ampleur de l’activité russe visant à ébranler l’Ukraine ". " Selon nos informations, le gouvernement russe cherche à installer un dirigeant prorusse à Kiev, tandis qu’il envisage d’envahir et d’occuper l’Ukraine ", a-t-elle ajouté.

Le ministère des Affaires étrangères affirme que " l’ex-député ukrainien Ievgeniï Mouraïev est considéré comme un candidat potentiel ", mais il n’est pas le seul : les services de renseignement russes entretiennent " des liens avec de nombreux anciens hommes politiques ukrainiens ".

La diplomatie britannique évoque ainsi les noms de Serguiï Arbouzov (le premier vice-Premier ministre de l’Ukraine de 2012 à 2014, puis Premier ministre par intérim), d’Andriï Klouïev (qui dirigeait l’administration présidentielle de l’ex-chef de l’Etat ukrainien Viktor Ianoukovitch), de Volodymyr Sivkovytch (l’ancien secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien) ou encore de Mykola Azarov (le Premier ministre de l’Ukraine de 2010 à 2014).

" Certains d’entre eux sont en contact avec des agents des services de renseignement russes actuellement impliqués dans la planification d’une attaque contre l’Ukraine ", accuse le ministère.

Ces déclarations britanniques surviennent quelques heures seulement après que le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou eut accepté une rencontre avec son homologue britannique Ben Wallace. M. Choïgou a proposé que la rencontre ait lieu à Moscou.

Cette réunion bilatérale, la première depuis 2013, a pour but d' "explorer toutes les voies pour parvenir à la stabilité et à un règlement de la crise ukrainienne ", a déclaré samedi une source au ministère britannique de la Défense.

Ces affirmations britanniques rejoignent certaines informations américaines.

Jeudi, les États-Unis avaient imposé des sanctions à quatre Ukrainiens, dont deux députés en exercice, accusés de travailler avec les services secrets russes (FSB), invoquant leurs " activités déstabilisatrices " en Ukraine.

La décision du Trésor américain vise les parlementaires Taras Kozak et Oleg Volochine -accusés notamment d’avoir été chargés par le FSB de " recruter d’anciens et actuels responsables gouvernementaux pour se préparer à prendre le contrôle du gouvernement ukrainien "-, mais aussi Volodymyr Sivkovytch, cité dans le communiqué britannique.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a mis en garde samedi Vladimir Poutine contre " l’erreur stratégique majeure " que constituerait " toute incursion militaire russe en Ukraine ", menaçant son pays de représailles avec " des coûts sévères ".

Vendredi déjà, Mme Truss avait " exhorté la Russie à la désescalade ", au cours d’une visite à Sydney, prévenant qu’une " invasion de l’Ukraine ne mènerait qu’à un terrible bourbier et à des pertes humaines ", comme pendant la guerre d’Afghanistan du temps de l’URSS et les conflits en Tchétchénie.

Toute l’attention est donc portée sur la réunion la semaine prochaine entre Blinken et Lavrov qui pourra déterminer l’issue de cette bataille, pour le moment, diplomatique entre les deux puissances sur le théâtre européen.

Les spéculations vont bon train au gré des déclarations officielles en provenance des deux camps. Le président russe Vladimir poutine sait très bien qu’en lançant ses troupes en Ukraine, l’Occident ne pourra lui opposer que des sanctions économiques, une " punition " à laquelle la Russie pourrait bien s’accommoder à court terme. Il sait aussi qu’il peut compter sur le soutien de la Chine en cas d’une hypothétique condamnation par le Conseil de sécurité de l’Onu.

Les Occidentaux sont partagés entre une Union européenne tributaire de l’Otan pour les questions de défense et d’une Amérique affaiblie par une division politique interne doublée d’un pouvoir présidentiel grevé par un Joe Biden dont la cote de popularité est au plus bas.

Avec AFP

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