L’armée israélienne passe vendredi au peigne fin le plus grand hôpital de la bande de Gaza à la recherche de repaires présumés du Hamas dans cet établissement, situé dans le petit territoire palestinien. Les communications sont actuellement interrompues en raison du manque de carburant, suscitant des inquiétudes quant à une détérioration supplémentaire de la situation humanitaire.

Les tensions sont aussi vives à Jénine, en Cisjordanie occupée, où l’armée israélienne a annoncé vendredi avoir tué " cinq terroristes ". Dans la nuit, une équipe de l’AFP a fait état d’une importante opération israélienne dans ce bastion des mouvements armés palestiniens. Le Hamas avait revendiqué la veille une attaque sur un barrage de sécurité près de Jérusalem, dans laquelle un soldat israélien a été tué et trois autres ont été blessés.

Opération de l’armée israélienne à Jenin, Cisjordanie, le 16 novembre 2023. (Fadel Senna, AFP)

Dans la bande de Gaza, le gouvernement du Hamas a affirmé que les soldats israéliens avaient " détruit " plusieurs services de l’hôpital Al-Chifa, un immense complexe situé dans l’ouest de la ville de Gaza, lors d’un raid débuté mercredi.

Au 42e jour de guerre, l’armée a annoncé avoir retrouvé la dépouille de Noa Marciano, une soldate de 19 ans, otage du Hamas, en fouillant un bâtiment adjacent à l’hôpital Al-Chifa. Le mouvement islamiste avait affirmé lundi qu’elle avait été tuée dans les bombardements qui ont frappé le complexe ces derniers jours.

Jeudi soir, le corps de Yehudit Weiss avait également été découvert également près de l’hôpital. L’otage, âgée de 65 ans, a été " assassinée par les terroristes dans la bande de Gaza ", selon l’armée, après avoir été enlevée par le Hamas le 7 octobre dans le kibboutz de Beeri, dans le sud d’Israël.

La soldate avait été enlevée le même jour dans la base de Nahal Oz, lors des massacres perpétrés par les commandos du Hamas dans le sud d’Israël. Ces attaques, d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création d’Israël en 1948 ont fait 1.200 morts, en grande majorité des civils, selon les autorités israéliennes.

Environ 240 otages, civils et militaires, ont été emmenés le même jour par le Hamas à Gaza, selon l’armée qui a également perdu 51 soldats au cours des combats dans le territoire depuis le 7 octobre.

Les bombardements israéliens menés en représailles dans la bande de Gaza ont fait 11.500 morts, majoritairement des civils, dont 4.710 enfants, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Carte du nord de la bande de Gaza avec les zones approximatives où des opérations au sol de l’armée israélienne ont été rapportées (source ISW), et indication de la présence d’hôpitaux, dont celui d’Al-Chifa – AFP/Sophie Ramis

" Avec l’hiver qui approche à grands pas, les abris précaires et surpeuplés, ainsi que le manque d’eau potable, les civils sont confrontés à un risque immédiat de famine ", a averti jeudi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies.

Depuis plusieurs jours, Israël resserre son étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, accusant le Hamas de les utiliser comme des bases et de se servir des malades comme des " boucliers humains ".

Un responsable de l’armée israélienne a annoncé que les soldats procédaient " à la fouille de chaque étage, bâtiment après bâtiment " de l’immense complexe de l’hôpital Al-Chifa.

Israël affirme que l’hôpital abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, notamment dans des tunnels creusés sous le complexe, ce que dément le mouvement islamiste.

Des " images relatives aux otages " capturés par le Hamas ont été trouvées sur du matériel saisi au cours du raid, a ajouté l’armée.

Le raid lancé sur l’hôpital, privé d’eau et d’électricité, abritant des malades, du personnel soignant et des civils qui espéraient fuir la guerre, a suscité des appels pressants de la communauté internationale à protéger la population. Selon l’ONU, 2.300 personnes se trouvent actuellement dans l’hôpital.

L’aide internationale à Gaza arrive au compte-gouttes par camions depuis l’Égypte, et l’ONU réclame notamment la livraison de carburant pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux.

Le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a affirmé jeudi à Genève que les communications avec la bande de Gaza étaient à nouveau " totalement coupées ", faute de carburant.

Des femmes palestiniennes préparent du pain sur un poêle à bois en plein air dans l’enceinte d’une école publique à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 novembre 2023. (Mohammed Abed, AFP)

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est entretenu avec Benny Gantz, ténor de l’opposition israélienne qui a rejoint le Cabinet de guerre de M. Netanyahou, " au sujet des efforts visant à augmenter et accélérer le passage de l’aide humanitaire indispensable vers Gaza ", selon Washington.

La pression sur Benjamin Netanyahu s’intensifie en Israël en ce qui concerne la question des otages, tandis que des négociations sont en cours par l’intermédiaire d’une médiation qatarie. Une marche, entreprise par les proches des otages partis de Tel-Aviv mardi pour réclamer un accord pour leur libération, devrait arriver à Jérusalem ce vendredi.

Pour le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui se dit " en contact avec le Hamas, avec d’autres parties internationales concernées et avec Israël ", les négociations sont " très délicates ".

Israël a jusqu’ici refusé tout cessez-le-feu sans libération préalable des otages. Mais pour le chef en exil du Hamas, Ismaïl Haniyeh, Israël " n’a atteint aucun de ses objectifs " et n’obtiendra " la libération de ses otages qu’au prix que la résistance fixera ".

Avec AFP