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C’est une trêve en équilibre très instable qui a entretenu un lourd suspens au Proche-Orient au cours des trois derniers jours. La suspension des tirs devrait venir à son terme, en principe, le lundi 27 novembre, en fin de soirée, ou mardi 28 dans la matinée, sauf prolongation de dernière minute, qui n’est pas totalement à écarter. Mais d’ores et déjà, il serait utile de donner une lecture des scénarii qui pourraient se présenter dans la phase de l’après-trêve.

Une constatation s’impose d’emblée: il est très peu probable que cet épisode du conflit israélo-palestinien s’arrête là. Ce serait une cuisante défaite historique pour Israël, car l’objectif proclamé dès le départ, en l’occurrence l’élimination de l’appareil militaire du Hamas (Benjamin Netanyahou avait haussé très haut la barre), est loin d’avoir été atteint. Au lendemain de l’attaque meurtrière du 7 octobre, aussi bien l’État hébreu que les États-Unis et certains pays de l’Union européenne ont affirmé qu’il ne saurait être question d’un retour à la situation qui prévalait à Gaza avant le déclenchement des hostilités.

Au-delà de cette position de principe – les principes en politique sont souvent très élastiques – on verrait mal, concrètement, les Israéliens, après le profond traumatisme du 7 octobre, accepter la résurgence dans la bande de Gaza d’une présence armée "jihadiste" et d’un foyer de tension sécuritaire qui constitueraient à nouveau une épée de Damoclès les menaçant en permanence dans leur vie quotidienne.

Un retour, au stade actuel, à la "normale", et donc au fait accompli milicien – qui serait, de surcroît, consolidé par une vaste entreprise de reconstruction – est difficilement envisageable (bien que pas impossible), de sorte que nous nous retrouverons à la fin de la trêve face à l’alternative suivante: soit une relance des opérations militaires à grande échelle afin de briser radicalement la branche militaire de l’organisation fondamentaliste palestinienne; soit la mise en place d’un scénario semblable à celui de 1982 au Liban, prévoyant une évacuation des cadres et des combattants du Hamas vers un pays arabe, comme prélude à une relance du processus de règlement politique global ayant pour aboutissement la solution à deux États, et donc un retour à la normalisation avec Israël (qui était en marche avant le 7 octobre) sur base des accords d’Abraham et de la dynamique d’Oslo.  

Ce second cas de figure était-il réalisable? La question se pose avec d’autant plus d’acuités que les deux acteurs (l’extrême droite israélienne et le Hamas) qui ont torpillé en 1994 et 1995 l’accord d’Oslo (la dynamique de paix entre Israël et l’OLP) sont ceux-là mêmes qui s’affrontent aujourd’hui et qui possèdent encore une forte capacité de nuisance. La menace est particulièrement sérieuse du fait que des informations concordantes font état des prémices d’un renforcement du Hamas en Cisjordanie, laquelle risque de se transformer au plan sécuritaire en un nouveau Gaza, manipulé, là aussi, par la République des mollahs iraniens. La nouvelle situation ainsi créée serait encore plus grave qu’à Gaza du fait de la présence pesante de colons israéliens d’extrême droite qui ne cachent pas leurs velléités expansionnistes aux dépens de la population palestinienne.

La relance du processus de règlement politique global, qui s’est fait un peu trop attendre et qui devrait être l’aboutissement logique de la guerre de Gaza, nécessite une double condition préalable: la marginalisation politique de l’extrême droite israélienne, au cas où elle s’obstinerait à torpiller toute dynamique de paix, comme elle l’a fait après Oslo; et l’élimination de la structure militaire du Hamas (et du "Jihad islamique") en réhabilitant le rôle premier d’une nouvelle Autorité palestinienne, ce qui permettrait de désamorcer la bombe à retardement que représente désormais la Cisjordanie. À défaut, la région restera plongée dans des cascades de massacres et de guerres stériles, sans buts précis.

Dans l’attente que se décante le cours que prendra le conflit de Gaza, les Libanais, eux, retiennent leur souffle et scrutent avec anxiété les retombées possibles au Liban de cette nouvelle et folle aventure guerrière.

Prochain article : Les scénarii possibles au Liban après la trêve de Gaza

 

 

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