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Un récent rapport de l’Onusida souligne que l’objectif d’éradiquer le sida d’ici 2030 est réalisable, grâce aux progrès scientifiques et médicaux ainsi qu’à la mobilisation politique et financière. Cependant, des inégalités et des obstacles subsistent.

Grâce aux avancées scientifiques de ces dernières années et à une mobilisation politique et citoyenne sans précédent, l’objectif d’en finir avec l’épidémie de sida à l’horizon 2030 semble désormais à portée de main. Cependant, dans un contexte international fragilisé, des financements pérennes et une forte volonté politique resteront indispensables pour relever les derniers défis. La fin du sida ne pourra advenir que si tous les acteurs concernés, États, organisations internationales, associations et citoyens, continuent à se mobiliser de manière coordonnée. L’enjeu n’est rien de moins que la préservation de millions de vies humaines.

Des avancées encourageantes dans la lutte contre le sida

Le dernier rapport de l’Onusida met en évidence les avancées significatives réalisées ces dernières années dans la lutte contre l’épidémie de sida. Certains pays sont même déjà parvenus à atteindre les objectifs fixés par l’organisation pour 2030, à savoir que 95% des personnes séropositives connaissent leur statut, que 95% des personnes diagnostiquées positivement aient accès aux traitements, et que 95% des personnes sous traitement aient une charge virale supprimée. C’est notamment le cas du Botswana, de l’Eswatini, du Rwanda, de la Tanzanie et du Zimbabwe. Ces résultats encourageants démontrent qu’un effort soutenu et ciblé peut permettre de venir à bout de l’épidémie.

Par ailleurs, grâce à un meilleur accès au dépistage et à la généralisation de la prophylaxie préexposition dans certains pays, le nombre de nouvelles contaminations a baissé de 57% depuis 2010 en Afrique orientale et australe. Des progrès spectaculaires ont également été accomplis dans la prévention de la transmission mère-enfant, ce qui a entraîné une diminution de 58% des nouvelles infections pédiatriques.

L’accès aux traitements antirétroviraux a considérablement progressé ces dernières années, avec près de 30 millions de personnes traitées dans le monde en 2022, contre seulement 7,7 millions en 2010. Les recherches se poursuivent également pour mettre au point de nouvelles molécules toujours plus efficaces, avec à la clé la perspective d’un traitement curatif à long terme du VIH.

Les défis à surmonter

En dépit des avancées médicales, près d’un million de personnes dans le monde meurent encore chaque année du sida. Par ailleurs, environ 9,2 millions de séropositifs ne bénéficient toujours pas d’un traitement, parmi lesquels 660.000 enfants.

L’accès à la prévention et aux soins est encore très inégal selon les pays et les populations. Les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne demeurent les plus sévèrement touchés par l’épidémie. Les populations clefs les plus exposées au risque de contamination comme les homosexuels, les travailleuses du sexe ou les usagers de drogues injectables souffrent également de fortes discriminations.

Les financements nationaux et internationaux pour la lutte contre le VIH sont par ailleurs encore insuffisants. Le Fonds mondial estime qu’il faudrait 29 milliards de dollars annuels pour venir à bout de la maladie, alors que seulement 19 milliards ont été investis en 2020. Des engagements financiers pérennes seront indispensables pour ne pas annihiler les progrès durement acquis.

Vaincre le sida nécessitera enfin de combattre activement le phénomène de stigmatisation des personnes séropositives, qui constitue un frein majeur à leur accès aux services de santé et au respect de leurs droits.

La mobilisation politique et citoyenne, clé pour éradiquer la maladie

Si les avancées scientifiques et médicales sont indispensables pour venir à bout du sida, la mobilisation politique et l’engagement de la société civile seront tout aussi déterminants.

Ces dernières années, la communauté internationale a pris plusieurs engagements importants pour accroître les financements de la lutte contre l’épidémie. Lors de la dernière conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial en 2022, 15,7 milliards de dollars ont ainsi pu être collectés. Même si l’objectif de 18 milliards n’a pas été atteint, ces promesses de dons constituent un signal politique fort de la volonté d’éradiquer la maladie.

Au-delà des États, le combat contre le VIH/sida ne pourra être gagné sans une très forte implication des associations de patients et des organisations non gouvernementales. Ce sont elles qui mènent au quotidien un travail essentiel de prévention, de sensibilisation des populations à risque, et de soutien psychologique et social aux personnes séropositives.

il est par ailleurs essentiel d’œuvrer à informer et à sensibiliser le grand public pour induire une transformation des mentalités pour faire évoluer ces dernières. Il est essentiel de promouvoir le dépistage précoce, de lutter contre les idées reçues concernant les modes de transmission et la vie avec le VIH, et de favoriser l’acceptation des personnes séropositives. C’est ainsi que les discriminations pourront régresser et que l’épidémie pourra être vaincue.

La mobilisation de tous les acteurs nationaux et internationaux s’avère donc indispensable pour relever ce défi collectif qu’est l’éradication du sida d’ici 2030.

Coup de projecteur sur la France et l’administration de la PrEP

La prophylaxie préexposition (PrEP) est un traitement médicamenteux préventif qui permet aux personnes séronégatives très exposées au VIH de réduire considérablement le risque d’infection. Ce traitement repose sur la prise quotidienne ou "à la demande" de comprimés à base de Truvada ou de ses génériques, qui bloquent la capacité du virus à s’installer dans l’organisme après une exposition.

Le paysage est encore assombri par la stigmatisation et la discrimination persistante envers les personnes séropositives. Un sondage IFOP pour Sidaction révèle une hausse inquiétante des préjugés: 30% des jeunes de 15-24 ans croient, à tort, que le VIH peut se transmettre par un baiser, et 44% des Français éprouveraient un malaise à l’idée que la personne gardant leurs enfants soit séropositive. Ces indicateurs, les plus mauvais depuis la création du sondage en 2009, reflètent une peur et une méconnaissance profondes du VIH, 40 ans après sa découverte.

En outre, une étude menée en Île-de-France révèle que 43% des parents estiment que leurs enfants ne sont pas suffisamment sensibilisés à la prévention du VIH dans leurs établissements scolaires. Ce manque d’éducation contribue à perpétuer les idées fausses et à entraver les efforts de dépistage. Ainsi, malgré les avancées notables en matière de dépistage et de traitement préventif, la France doit faire face à des défis majeurs, notamment en termes d’égalité d’accès aux soins, de lutte contre la stigmatisation et d’amélioration de la sensibilisation, pour continuer à progresser dans sa lutte contre le VIH.

Sources:

– Rapport Onusida 2022
– Coalition mondiale pour la prévention du VIH, Feuille de route de prévention du VIH 2025
– Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Rapport 2022

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