La COP28 à Dubaï s’est ouverte le 30 novembre avec une décision historique sur les dommages climatiques, suivie par toute une série d’annonces financières ou énergétiques préparées depuis des mois par les Émirats arabes unis pour tenter de donner une impulsion positive aux négociations.

Les négociations sur le climat de la COP28, qui se tiennent à Dubaï, ont débuté par une multitude d’annonces promettant des mesures de lutte contre le réchauffement climatique, sous l’égide des Émirats arabes unis, pays hôte riche en pétrole et aux dépenses élevées.

Toutefois, ces annonces sont pour beaucoup des engagements volontaires, certes vertueux mais non contraignants. Ils ne doivent pas, selon des observateurs, détourner l’attention des laborieuses et cruciales négociations pour obtenir une décision finale de la COP28 qui ait l’autorité d’un consensus entre près de 200 pays sous l’égide des Nations unies.

Le premier jour des négociations a vu le lancement par la COP d’un fonds " pertes et dommages " destiné à aider les pays vulnérables à faire face aux conséquences de plus en plus coûteuses et dommageables des catastrophes climatiques.

Depuis jeudi, les pays ont annoncé de premières promesses financières, qui s’élevaient samedi à plus de 650 millions de dollars, selon un décompte du Natural Resources Defense Council.

Les Émirats arabes unis, l’Allemagne, l’Italie et la France ont chacun promis jusqu’à 100 millions de dollars ou d’euros.

Ces montants ne sont toutefois qu’une mise de départ pour tester les premiers pas du fonds avant un véritable tour de table. Ils sont largement inférieurs aux 100 milliards de dollars par an que certains pays en développement, historiquement les moins responsables du réchauffement, ont réclamé.

Les États-Unis ont été critiqués pour la faiblesse de leur engagement (17,5 millions de dollars soumis à l’accord du Congrès).

Un engagement non contraignant à tripler les capacités renouvelables dans le monde d’ici à 2030 a été signé par au moins 118 pays, soit plus de la moitié des États représentés à la COP28, a annoncé samedi son président Sultan Al Jaber.

Un communiqué de la présidence avait auparavant annoncé 116 pays, et la liste s’allongeait encore peu après à 118… Quel que soit le nombre final, cette annonce vise à imposer l’inscription de cet objectif dans tout accord final à la COP28, cette fois dans le cadre onusien.

Montrant l’ampleur du chemin qui reste à accomplir, la liste fournie par la présidence de la COP28 n’inclut pas les plus grands pays producteurs ou consommateurs d’énergies fossiles: Russie, Arabie saoudite, Chine, Iran, Irak, Venezuela, Koweït, Qatar…

Les autres pays se sont engagés à " travailler ensemble " en vue de porter les capacités mondiales d’énergies renouvelables (éoliennes, solaires, hydroélectricité…) à 11.000 gigawatts (GW) à cet horizon, contre environ 3.400 GW aujourd’hui, en prenant en compte " les différents points de départ et circonstances nationales " des différentes nations.

" La reprise des combats dans la bande de Gaza (…) est un sujet d’inquiétude qui a été dans beaucoup de discussions " lors de la COP28 à laquelle participe le président français, Emmanuel Macron à Dubaï. " Cette situation exige de redoubler d’efforts pour parvenir à un cessez-le feu-durable, pour obtenir la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas et apporter à la population de Gaza l’aide dont elle a urgemment besoin, et de donner à Israël la certitude que sa sécurité est rétablie ", a souligné le chef d’État lors d’une conférence de presse.

Le président français Emmanuel Macron (2R) et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (2L) lors d’une réunion bilatérale en marge du sommet climatique des Nations unies COP28 à Dubaï, le 2 décembre 2023.

 D’ici 2050 
Une vingtaine de pays dont les États-Unis, la France, le Japon et les Émirats arabes unis ont appelé samedi dans une déclaration commune à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050, par rapport à 2020.

Cet appel volontaire, non contraignant et parallèle aux négociations de la COP28, illustre le spectaculaire regain d’intérêt pour l’atome, source d’électricité quasiment sans carbone mais qui a souffert après l’accident de Fukushima en 2011.

D’ici 2030 
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré vendredi que plus de 110 pays souhaitaient voir la COP28 adopter l’objectif de tripler la capacité des énergies renouvelables et de doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique dans le monde d’ici 2030.

Fin 2022, les capacités mondiales étaient de 3.372 GW, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), dominées par l’hydraulique (37%) et le solaire (31%).

Les pays ont également promis de doubler le rythme annuel de progression de l’efficacité énergétique jusqu’en 2030, de 2% à 4%. Ces engagements n’ont toutefois pas de valeur contraignante.

L’Union européenne avait lancé un appel en ce sens au printemps, soutenu par la présidence émiratie de la COP28 puis successivement par les pays du G7 et du G20 (80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre).

Charbon
La France a lancé samedi avec les États-Unis et d’autres pays, dont le Vietnam et l’Indonésie, une initiative pour soutenir l’accélération de la sortie du charbon, qui génère encore le tiers de l’électricité mondiale.

Jugeant que la transition énergétique risque de menacer les emplois et la stabilité économique de nombreux pays émergents encore dépendants du charbon, notamment en Asie, les participants, parmi lesquels figurent aussi le Canada, le Royaume-Uni, la Malaisie et le Sénégal ont appelé à " débloquer de nouvelles sources de financement public et privé ".

Ils ont demandé à la Banque mondiale de faire baisser le coût des investissements dans les énergies propres dans les pays émergents.

Agriculture
L’agriculture et l’alimentation, à l’origine d’environ un tiers des gaz à effet de serre d’origine humaine, sont souvent les grands oubliés des COP et des plans climatiques des pays. Les ruminants et les rizières génèrent par exemple du méthane, très réchauffant.

Pour la première fois, plus de 130 pays ont accepté vendredi d’intégrer ces secteurs à leurs plans d’action. Mais la déclaration a été critiquée pour son manque d’objectifs concrets, et car elle ne signale aucun changement en faveur de régimes alimentaires plus durables, notamment sans viande.

Maria Chami, avec AFP