La gagnante du prix Nobel de la paix 2023, la militante iranienne Narges Mohammadi, a annoncé débuter une grève de la faim dans la prison où elle est enfermée en Iran, à partir du dimanche 10 décembre. Cette date coïncide notamment avec celle de la remise de son prix à Oslo.

La militante iranienne, Narges Mohammadi, actuellement emprisonnée dans son pays, va observer une nouvelle grève de la faim dimanche, jour de la remise de son prix Nobel de la paix à Oslo où elle sera représentée par ses enfants, a annoncé sa famille samedi.

Mme Mohammadi, qui milite notamment contre le port obligatoire du hijab et la peine de mort en Iran, va faire une grève de la faim " en solidarité avec la minorité religieuse " Bahaïe, ont indiqué son frère et son époux lors d’une conférence de presse dans la capitale norvégienne à la veille de la cérémonie Nobel.

" Elle n’est pas ici avec nous aujourd’hui, elle est en prison et elle sera en grève de la faim en solidarité avec une minorité religieuse ", a déclaré son frère cadet, Hamidreza Mohammadi, dans une brève déclaration liminaire.

L’époux de la militante de 51 ans, Taghi Rahmani, a ensuite précisé que ce geste de solidarité visait la minorité Bahaïe, dont deux figures dirigeantes observent elles aussi une grève de la faim.

" Elle a dit: ‘je vais commencer ma grève de la faim le jour où le prix m’est accordé et peut-être que le monde en entendra plus parler' ", a-t-il expliqué lors de la conférence de presse.

Plus importante minorité religieuse en Iran, la communauté Bahaïe y est la cible de discriminations dans de nombreux pans de la société, estiment ses représentants.

Détenue depuis 2021 à la prison d’Evin de Téhéran et de santé fragile, Mme Mohammadi avait déjà observé une grève de la faim de quelques jours début novembre pour obtenir le droit d’être transférée à l’hôpital sans se couvrir la tête.

Récompensée par le Nobel en octobre pour " son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous ", elle a été maintes fois arrêtée et condamnée ces dernières décennies.

Elle est un des principaux visages du soulèvement " Femme, Vie, Liberté " en Iran.

Le mouvement, qui a vu des femmes tomber le voile, se couper les cheveux et manifester dans la rue, a été déclenché par la mort l’an dernier d’une jeune Kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran pour non-respect du strict code vestimentaire islamique. La contestation a été sévèrement réprimée.

Malo Pinatel, avec AFP