La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a rencontré son homologue israélien Eli Cohen à Tel-Aviv, ce dimanche 17 décembre. Appelant à une nouvelle trêve, Mme Colonna a fait part au ministre israélien de ses préoccupations concernant la situation humanitaire à Gaza, le sort des otages et les violences sexuelles commises par le Hamas. 

La ministre française des Affaires étrangères a appelé, dimanche, dès son arrivée en Israël, à une "nouvelle trêve immédiate et durable" dans la bande de Gaza, se disant "préoccupée" par la situation humanitaire et le sort des otages après plus de deux mois de guerre.

"Trop de civils sont tués", a déclaré Catherine Colonna à l’issue d’une rencontre avec son homologue israélien, Eli Cohen, à Tel-Aviv.

Elle a souligné que la première trêve d’une semaine, qui a pris fin le 1er décembre, avait permis de libérer des otages – 105 sur les 250 emmenés de force par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre – et d’accroître l’aide humanitaire aux civils à Gaza tout en évacuant des blessés. "On sait que ce n’est pas suffisant", a-t-elle dit.

Dimanche en Israël, la ministre doit d’abord s’entretenir avec plusieurs responsables du cabinet de guerre ainsi qu’avec des responsables palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

La ministre française des Affaires étrangères et européennes Catherine Colonna  s’entretient avec le porte-parole de l’armée israélienne Colonel Olivier Rafowicz (Alberto PIZZOLI, AFP)

Elle y rencontrera aussi des Bédouins chassés par les colons israéliens, pour redire que la France souhaite des sanctions contre les extrémistes responsables d’exactions.

Violences sexuelles "systématiques"

"Parmi le flot de récits épouvantables de ces exactions barbares commises par le Hamas, les récits des violences sexuelles et sexistes infligées par les terroristes du Hamas sont glaçants par leur caractère systématique et peut-être même systémique", a-t-elle dit, déplorant "l’énergie que mettent certains à nier ces crimes".

"Inutile de dire que la France croit celles et ceux qui ont eu à constater ces viols, ces mutilations, ces profanations", a assuré Catherine Colonna.

La ministre sera reçue par des militaires identifiant les corps et des médecins légistes qui s’occupent de recueillir des preuves sur les violences ou sévices sexuels commis par les assaillants du Hamas.

Elle rencontrera en outre des responsables d’associations de défense de victimes féminines qui collectent des preuves et qui entendent faire reconnaître ces violences.

La France peut jouer "un rôle important" pour empêcher une guerre au Liban

"Il y a encore une possibilité d’empêcher la guerre au Liban. Si la communauté internationale n’y parvient pas, nous n’aurons d’autre choix que de nous en charger nous-mêmes", a prévenu Eli Cohen à l’issue d’un entretien avec Colonna dès son arrivée à Tel-Aviv.

"La France peut jouer un rôle positif et important" pour empêcher une guerre, a-t-il ajouté.

Après sa visite en Israël, Mme Colonna doit se rendre lundi au Liban où elle rencontrera des dirigeants et le commandant de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

"La France, comme ses partenaires, appelle les responsables politiques libanais à tout faire pour éviter un engrenage dont le Liban serait la première victime", a-t-elle dit à Tel-Aviv lors d’une conférence de presse, précisant que des "messages clairs" avaient aussi été transmis au Hezbollah en ce sens.

Les appels de la communauté internationale à la " désescalade " à la frontière israélo-libanaise valent pour toutes les parties, y compris Israël, a déclaré la cheffe de la diplomatie française dimanche sur une base militaire près de Tel-Aviv.

" S’il y avait un engrenage, un embrasement, je crois que personne n’en bénéficierait et je le dis aussi à Israël ", a dit Catherine Colonna en présence d’un haut responsable de l’armée israélienne. La France, notamment, " passe les messages nécessaires " aux autorités libanaises et au mouvement chiite libanais Hezbollah, mais " cet appel à la prudence et à la désescalade vaut pour tous ", a-t-elle insisté.

Maureen Décor, avec AFP