Les bombardements s’intensifiaient dans le sud de Gaza ce dimanche 24 décembre, tandis que l’armée amplifie ses opérations à Khan Younès. Au niveau international, l’application de la résolution adoptée par l’ONU sur l’entrée d’aide humanitaire à Gaza, se heurte au refus d’un cessez-le-feu par Israël et son allié américain.

L’armée israélienne a intensifié dimanche ses opérations contre le Hamas dans le sud de la bande de Gaza assiégée, pendant que les Etats-Unis pressent Israël de faire plus d’efforts pour épargner la population, menacée par la faim. "La guerre sera longue ", a prévenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant son gouvernement, en rendant hommage aux 153 soldats tués depuis le début de l’offensive terrestre à Gaza le 27 octobre. " Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à combattre ", a-t-il dit.

Sombre Noël

Après des combats qui ont provoqué d’immenses destructions dans le nord du territoire palestinien, l’armée a expliqué qu’elle concentrait désormais ses principales opérations, à la recherche des responsables du Hamas, sur la grande ville de Khan Younès, dans le sud, où sont massés de nombreux civils ayant fui la guerre plus au nord.

La ville de Bethléem, en Cisjordanie occupée, qui selon la tradition chrétienne a vu naître Jésus-Christ, se préparait dimanche à un sombre Noël, désertée par les fidèles, pendant qu’à Gaza les bombardements se poursuivaient sans répit du nord au sud.

De la fumée s’élevait dans le ciel de Khan Younès après des frappes, tandis qu’une forte explosion, filmée par l’AFP depuis le sud d’Israël, a secoué le centre du territoire.

Les Etats-Unis, alliés historiques d’Israël, insistent de plus en plus, face aux lourdes pertes civiles palestiniennes, pour qu’Israël privilégie des opérations plus ciblées dans sa guerre contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre après l’attaque sans précédent menée sur son sol par le mouvement islamiste.

Dans le nord de Gaza, les soldats ont découvert " un dépôt d’armes adjacent à des écoles, une mosquée et un centre médical ", qui renfermait " des ceintures d’explosif adaptées pour des enfants, des dizaines d’obus de mortier, des centaines de grenades et du matériel de renseignement ", a annoncé l’armée dimanche.

La situation humanitaire dans l’étroite bande côtière coincée entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée, est désastreuse: la plupart des hôpitaux y sont hors service et dans les six prochaines semaines, l’ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d’insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu’à la famine, selon les Nations unies.

Selon l’ONU, 1,9 million de personnes ont fui leur foyer, soit 85% de la population, dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois face à l’avancée des combats.

A Rafah, la ville frontalière avec l’Egypte, des Palestiniens pleuraient leurs proches tués.

" Un avenir de haine "

Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution réclamant l’acheminement " immédiat " et " à grande échelle " de l’aide humanitaire, vitale pour la population de Gaza, celle-ci n’a pas connu d’augmentation significative samedi.

" Pour que l’aide parvienne jusqu’à ceux qui en ont besoin, pour que les otages soient libérés, pour que d’autres déplacements soient évités et surtout, pour que cessent ces pertes humaines dévastatrices, un cessez-le-feu humanitaire est la seule issue ", a déclaré dimanche le Haut commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi.

" La guerre défie la logique et l’humanité, et prépare un avenir fait de plus de haine et moins de paix ", a-t-il ajouté.

A Rafah, où des centaines de milliers de réfugiés s’abritent dans des camps de fortune, la population se rue sur les rations alimentaires, insuffisantes.

A Jabaliya, dans le nord, des habitants portant des jerricans vont chercher de l’eau à un puits. " Les gens viennent de loin, font la queue et ne trouvent rien. Cette eau n’est même pas bonne pour le nettoyage, elle contient des germes, des maladies, moi, à mon âge, je dois la boire ", témoigne Abou Loai al-Biri, un homme aux cheveux gris.

Les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours fin novembre, qui a permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’entrée à Gaza d’importants convois d’aide humanitaire.

Néanmoins, les deux camps restent intransigeants.

Le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël, exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant " l’élimination " du mouvement islamiste.

Avec AFP