La situation à Gaza continuait de se détériorer dimanche 31 décembre, tandis que le monde s’apprête à célébrer la nouvelle année. Au niveau régional, les tensions marquent une claire escalade en Irak, en Syrie et en mer Rouge.

Israël a poursuivi dimanche ses bombardements sur la bande de Gaza assiégée, exacerbant la situation humanitaire critique pour les Palestiniens après près de trois mois de guerre.

Au moins 48 Palestiniens ont été tués pendant la nuit dans des frappes sur la ville de Gaza, a indiqué le ministère de la Santé à Gaza. Dix-huit corps ont été retrouvés jusqu’ici.

Une autre frappe sur le campus de l’Université Al-Aqsa de Gaza a fait au moins 20 morts, selon la même source.

" Après l’explosion, nous sommes arrivés sur les lieux et nous avons vu des martyrs partout (…); des enfants sont toujours portés disparus ", témoigne Mohamed Btihan, un habitant de Gaza.

L’armée israélienne a indiqué de son côté avoir tué plus d’une dizaine de combattants ennemis lors de multiples combats au sol, frappes aériennes et tirs de chars, ajoutant avoir localisé des tunnels du Hamas et des explosifs placés dans une école maternelle.

La guerre déclenchée par les attaques sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre se poursuivra encore pendant " de nombreux mois ", a averti le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

" Situation difficile "

" Nous espérions que l’année 2024 arriverait sous de meilleurs auspices et que nous pourrions célébrer le Nouvel An chez nous, en famille. Mais la situation est difficile ", déplore Mahmoud Abou Shahma, 33 ans, dans un camp de déplacés à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

" Nous espérons la fin de la guerre pour pouvoir retourner chez nous vivre paisiblement ", a ajouté cet homme originaire de Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza et nouvel épicentre des combats entre l’armée israélienne et le Hamas.

En Israël, les célébrations du Nouvel An s’annoncent plus sobres que d’habitude à Tel-Aviv, où les bars seront ouverts toute la nuit, mais l’ambiance ne sera pas la même, des dizaines de milliers de jeunes étant mobilisés sur le front.

L’attaque du Hamas le 7 octobre a fait environ 1.140 morts en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En réaction, Israël a juré de " détruire " le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza et pilonne sans relâche le petit territoire, où 129 personnes sur les quelque 250 prises en otage le 7 octobre sont toujours retenues par le Hamas et ses alliés locaux.

Selon un nouveau bilan annoncé dimanche par le ministère de la Santé à Gaza, 21.822 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, et 56.451 blessées.

Ces dernières semaines, l’armée israélienne s’est déployée dans le nord de la bande de Gaza, puis vers Khan Younès (sud) et récemment dans les camps du centre de ce territoire où 1,9 million d’habitants (85% de la population) ont dû fuir en raison des combats.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre la menace croissante de propagation de maladies infectieuses et l’ONU a dit craindre une famine.

" Ramenez-les! "

Benjamin Netanyahou a réaffirmé dimanche qu’Israël poursuivrait sa guerre, " dont la justice et la moralité sont sans équivalent ", réagissant aux accusations d' "actes de génocide " portées par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ).

Les proches d’otages retenus dans la bande de Gaza maintiennent la pression sur le gouvernement israélien. Plus d’un millier de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv en soutien aux otages et à leurs proches, en scandant: " Ramenez-les à la maison! "

Les médiateurs internationaux, menés par le Qatar et l’Égypte, étaient parvenus à négocier une trêve d’une semaine fin novembre, ayant permis la libération de plus de 100 otages et l’entrée à Gaza d’une aide limitée. Ils poursuivent actuellement leurs efforts en vue d’une nouvelle pause dans les combats.

Une délégation du Hamas, considéré comme un groupe terroriste par l’Union européenne, les États-Unis et Israël notamment, est arrivée vendredi au Caire pour transmettre " la réponse des factions palestiniennes " à un plan égyptien prévoyant la libération d’otages et une pause dans les affrontements.

Tensions en mer Rouge, en Irak et en Syrie

Cette réponse sera donnée " dans les prochains jours ", a affirmé dans un communiqué Mohammad al-Hindi, secrétaire général adjoint du Jihad islamique, un groupe armé combattant aux côtés du Hamas.

Interrogé samedi soir, Benjamin Netanyahou est resté évasif sur les tractations de coulisses, mais a assuré que la guerre allait continuer encore " pendant plusieurs mois ".

La guerre à Gaza a ravivé les tensions à la frontière entre le Liban et Israël, théâtre quasi quotidien depuis le 7 octobre d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah, qui soutient le Hamas.

Israël " doit d’abord mettre fin à la guerre à Gaza " afin que les hostilités avec le Liban " cessent ", a averti dimanche le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem.

En mer Rouge, l’armée américaine a annoncé dimanche avoir coulé trois bateaux des Houthis, alliés de l’Iran, accusés d’avoir attaqué un porte-conteneurs. Dix d’entre eux ont été tués par la frappe américaine.

Depuis le début de la guerre le 7 octobre, les Houthis affichent leur soutien aux Palestiniens de Gaza en menacent le trafic sur cette voie maritime stratégique.

Le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé dimanche la suspension pendant 48 heures du transit de sa flotte par cette voie maritime.

En Syrie, vingt-trois combattants affiliés à l’Iran ont été tués samedi dans des frappes aériennes " probablement israéliennes " dans l’est du pays, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui a aussi fait état de quatre morts dans d’autres frappes près d’Alep (nord).

En Irak, une base des forces armées du Kurdistan irakien a été visée dans la nuit par " deux attaques de drones ", entraînant des dégâts matériels, ont indiqué dimanche les autorités régionales qui pointent du doigt des " hors-la-loi financés " par Bagdad.

Malo Pinatel, avec AFP