Deux explosions consécutives ont coûté la vie à au moins 103 personnes mercredi 3 janvier, selon les médias d’État iraniens. Les explosions se sont produites lors d’un rassemblement commémorant l’anniversaire de l’assassinat du général Qassem Soleimani.

Au moins 103 personnes ont été tuées et plus de 180 blessées dans un attentat perpétré mercredi près de la tombe de Qassem Soleimani, architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient dont l’Iran commémore le quatrième anniversaire de la mort, ont rapporté des médias d’État.

Une double explosion a eu lieu près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani, à Kerman, dans le sud de l’Iran. Une foule compacte composée de représentants du régime et d’anonymes y était rassemblée pour une cérémonie.

L’attaque, qualifiée d’attentat par des responsables iraniens et les médias d’État, mais qui n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, survient dans un contexte régional très tendu depuis le début du conflit il y a près de trois mois entre Israël et le Hamas à Gaza, et au lendemain de l’élimination d’un haut responsable du mouvement islamiste palestinien dans une frappe aérienne près de Beyrouth.

Selon l’agence de presse officielle iranienne Irna, une première explosion est survenue à 700 mètres de la tombe de Soleimani et la seconde un kilomètre plus loin.

"Réponse sévère"

À la tombée de la nuit, de nombreuses personnes sont revenues au cimetière de Kerman en scandant "mort à Israël!" et "mort à l’Amérique!" et, à Téhéran, des milliers de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage à Soleimani.

"Nous condamnons le terrible attentat terroriste d’aujourd’hui (…) J’espère que les auteurs de ce crime seront identifiés et punis pour leurs actes", a déclaré Zeinab, la fille du général Soleimani.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei a quant à lui promis une "réponse sévère" à l’attentat, condamné comme un acte "odieux et lâche" par le président Ebrahim Raïssi.

Le président russe Vladimir Poutine l’a jugé, pour sa part, "choquant par sa cruauté et son cynisme", dans un message aux deux dirigeants iraniens.

Le gouvernement iranien a décrété jeudi "journée de deuil national dans tout le pays", a aussi indiqué la télévision d’État.

L’attaque, la plus meurtrière en Iran depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d’Abadan selon les archives de l’AFP, a été rapidement qualifiée d’acte "terroriste" par Rahman Jalali, adjoint au gouverneur de la province de Kerman, dans le sud de l’Iran.

Bombes télécommandées

Qassem Soleimani avait été tué en janvier 2020, à l’âge de 62 ans, lors d’une attaque de drone américaine en Irak. Homme clé du régime iranien, il était également l’une des personnalités publiques les plus populaires du pays.

Selon l’agence iranienne Tasnim, qui cite des sources bien informées, les explosions ont été provoquées par des "bombes dissimulées dans deux sacs". "Les auteurs des faits ont apparemment activé les bombes via une télécommande", selon la même source.

"Nous marchions vers le cimetière lorsqu’une voiture s’est soudainement arrêtée derrière nous et qu’une poubelle contenant une bombe a explosé", a indiqué un témoin cité par l’agence de presse Isna.

Parmi les personnes tuées figurent trois secouristes qui se sont précipités dans la zone après la première explosion, selon le Croissant-Rouge iranien.

L’agence Isna, qui cite le maire de Kerman, Said Tabrizi, explique que les explosions se sont produites à dix minutes d’intervalle.

فوری/انفجار دوم در مراسم #قاسم_سليماني در کرمان pic.twitter.com/L22SrP7kDN

— خبرفوری و داغ (@khabareforri) January 3, 2024

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des participants tentant désespérément de quitter le site alors que le personnel de sécurité bouclait la zone. Sur d’autres vidéos, on peut voir des personnes courant, paniquées et désorientées.

Peu après les explosions, des secouristes étaient à pied d’œuvre sur place. De nombreuses ambulances étaient également sur les lieux.

"Martyr vivant"

L’Iran a déjà été le théâtre d’attaques et d’attentats à la bombe qui ont fait des dizaines de morts, dont plusieurs ont été revendiqués par des groupes qualifiés de "terroristes" par Téhéran.

En 2019, un attentat suicide à la voiture piégée contre un bus des Gardiens de la révolution a tué 27 soldats dans le sud-est de l’Iran. Cet attentat avait été ensuite revendiqué par Jaïsh al-Adl, un groupe djihadiste formé en 2012.

Qassem Soleimani dirigeait la force Al-Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, supervisant les opérations militaires dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Déclaré "martyr vivant" par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, alors qu’il était encore en vie, Soleimani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe jihadiste État islamique en Irak et en Syrie.

Aux yeux de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont permis d’éviter la désintégration multiethnique de pays voisins tels que l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak.

Longtemps considéré comme un ennemi juré par les États-Unis et leurs alliés, Soleimani a été l’un des plus importants fondés de pouvoir de la région, fixant l’agenda politique et militaire de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, selon des observateurs.

Avec AFP

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