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Les récentes frappes des États-Unis et du Royaume-Uni contre les Houthis au Yémen ont provoqué un regain de tension au Moyen-Orient. Analyse de cette escalade régionale à travers les éclairages de Khalil Hélou, général à la retraite et enseignant universitaire en géopolitique, et du général à la retraite Maroun Hitti.

Les tensions au Moyen-Orient ont atteint un nouveau pic avec les frappes conjointes des États-Unis et du Royaume-Uni contre les Houthis au Yémen dans la nuit de jeudi. En réponse aux attaques répétées de ce mouvement soutenu par l’Iran, les grandes puissances occidentales ont mené une opération militaire ciblée. Cette initiative soulève des questions cruciales quant à la stratégie adoptée et aux implications régionales. Plus de 100 missiles de précision ont frappé 60 cibles sur 16 sites lors d’une attaque impliquant des avions de chasse et des missiles Tomahawk, selon le Commandement central américain.

Frappe planifiée

Khalil Hélou, général à la retraite et enseignant universitaire en géopolitique, a souligné dans un entretien exclusif avec Ici Beyrouth la volonté américano-britannique de frapper les Houthis sans infliger d’importantes pertes humaines. "Quand on annonce une frappe (comme l’ont fait jeudi soir des médias anglophones), c’est pour dire à l’ennemi de se cacher", a-t-il expliqué. Cette approche limitée visait à dissuader les Houthis, tout en préservant le libre flux des marchandises en mer Rouge par où transitent 12% du commerce international.

Le général Hélou relève que les frappes étaient soigneusement planifiées, utilisant des moyens de haute précision pour atteindre des objectifs spécifiques. "Chaque destroyer peut porter une centaine de missiles – balistiques ou de croisière – de très haute précision. Il est vraisemblable qu’ils ont atteint de façon très localisée leurs objectifs", a précisé le général Hélou. Cependant, souligne-t-il, bien que les Houthis aient subi un coup important, cela ne les réduira pas nécessairement au silence.

Maroun Hitti, général à la retraite, a quant à lui insisté sur la nécessité d’une réponse occidentale plus décisive face aux prétentions iraniennes: "Il faut frapper à la tête et cesser de frapper les tentacules qui repoussent", a-t-il souligné, qualifiant l’action américano-britannique de vendredi de "frappe timorée". Il a également relevé que les frappes actuelles, limitées, pourraient être perçues comme "un signe de faiblesse" par les factions soutenues par l’Iran.

Escalade régionale?

Sur la question de l’escalade régionale, le général Hélou a noté que l’événement pourrait donner à Israël plus de liberté d’action au Liban. "Les Américains, qui empêchaient jusque-là les Israéliens d’intervenir au Liban à travers une opération terrestre, pourraient désormais les laisser faire", a-t-il estimé. Cette évolution pourrait avoir des implications majeures dans une région déjà instable.

Le général Hélou a également évoqué la complexité des relations internationales dans cette crise, les Américains ayant signifié à plusieurs reprises qu’ils ne veulent pas d’un conflit ouvert avec l’Iran, qui soutient ses proxys, à l’instar des Houthis au Yémen et du Hezbollah au Liban. "Les guerres ne sont presque jamais voulues par les belligérants, lesquels s’arment mutuellement jusqu’aux dents pour dissuader l’adversaire", a déclaré le général Hélou. Cependant, il souligne que la spirale des événements pourrait éventuellement dépasser le point de non-retour.

La réaction internationale à ces frappes a été diverse, avec des appels à la retenue de la part de plusieurs pays, dont la Chine et l’Arabie saoudite. Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni cherchent à contenir la menace houthie, la région reste dans une situation délicate, au bord de l’escalade. Les analyses détaillées du général Hélou soulignent la nécessité d’une approche stratégique et concertée pour résoudre cette crise régionale particulièrement complexe.

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