Le raid israélien qui a visé de hauts responsables iraniens samedi à Damas reflète une régionalisation du conflit entre Israël et l’Iran, dont les principaux terrains d’affrontements sont la Syrie et le Liban.

Le raid israélien qui a visé de hauts responsables iraniens est le témoin d’une régionalisation du conflit entre Israël et le Hamas dont les principaux terrains d’affrontements sont la Syrie et le Liban-Sud.

La frappe attribuée par l’Iran à Israël, qui a tué samedi des responsables iraniens à Damas, s’inscrit dans le cadre de la guerre larvée entre les deux pays, dont la Syrie est un des principaux terrains d’affrontements.

Depuis le début le 7 octobre de son conflit avec le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, Israël a intensifié ses frappes contre le régime syrien et les groupes pro-iraniens dans le pays voisin. De leur côté, les alliés régionaux de Téhéran, dont le Hezbollah, se sont mobilisés pour soutenir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Que vise Israël?

La frappe qui a détruit un bâtiment à Damas a fait au moins dix morts, dont, selon les médias iraniens, deux hauts responsables des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de Téhéran.

Le 25 décembre, un haut gradé de ce corps, le général Razi Moussavi, avait été tué dans une frappe attribuée à Israël près de Damas. Il était, selon Téhéran, "le responsable logistique", en Syrie, "de l’axe de la résistance", établi par l’Iran et regroupant les mouvements armés anti-israéliens dans la région. Des raids israéliens ont également touché les aéroports de Damas et d’Alep, dans le Nord syrien.

La plupart des frappes "visent probablement à perturber les livraisons d’armes iraniennes au Hezbollah et aux groupes alignés sur l’Iran en Syrie", estime Aron Lund, du centre de réflexion Century International.

Israël pense que des armes sophistiquées, "comme les composants de missiles balistiques et de drones, sont acheminées à la fois par voie terrestre depuis l’Irak et (…) par voie aérienne vers les aéroports" syriens, explique-t-il.

Qui tire sur les bases américaines?

Depuis le 7 octobre, les alliés de l’Iran attaquent Israël et son principal allié, les États-Unis. Le Hezbollah a ouvert le front à la frontière israélo-libanaise, tandis que les Houthis attaquent des navires marchands au large du Yémen, dont ils contrôlent l’essentiel.

En Irak et en Syrie, morcelée en zones d’influences par la guerre qui dure depuis 2011, les attaques se multiplient contre des bases américaines. Entre le 17 octobre et le 17 janvier, au moins 140 attaques de drones, roquettes et missiles balistiques de courte portée ont ainsi été dénombrées, selon un responsable américain de la Défense. La plupart n’ont pas atteint leurs objectifs, selon ce responsable, qui a fait état d’une personne tuée en Irak.

Les frappes sont généralement revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-iraniens. Washington a répondu par des frappes ciblées en Irak. Ces attaques restent cependant contenues, l’Iran et les Etats-Unis ayant répété ne pas souhaiter une déflagration régionale.

"Les deux parties tentent certainement de gérer le niveau de violence", estime Aron Lund. "L’Iran et ses alliés (…) veulent forcer les États-Unis à réagir (…) soit en s’engageant dans un type de conflit que l’administration américaine espère éviter, soit en répondant à leurs demandes, qui visent à contenir Israël à Gaza", ajoute l’analyste.

Un nouveau développement est intervenu le 16 janvier avec des frappes iraniennes en Syrie et en Irak. Téhéran a ainsi annoncé avoir visé en Syrie des objectifs liés en particulier au groupe jihadiste État islamique (EI), qui avait revendiqué un attentat meurtrier le 4 janvier en Iran.

Que se passe-t-il sur le Golan?

Des tirs sporadiques visent par ailleurs le Golan syrien occupé par Israël à partir du territoire syrien. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ils sont le fait de combattants syriens œuvrant avec le Hezbollah.

Ces frappes n’ont pas eu un grand impact. Mais le 8 janvier, Israël a annoncé avoir tué une "figure centrale du Hamas" près du Golan, rendue responsable de ces attaques.

Quid des autres acteurs?

La Turquie a mené de nouvelles frappes en janvier contre les Kurdes qui ont établi une administration autonome dans le nord-est de la Syrie, et contre le Kurdistan irakien. Ankara a affirmé réagir à la mort de neuf de ses soldats dans une attaque contre une de ses bases dans le nord de l’Irak.

La Jordanie, qui affirme lutter contre des trafics d’armes et de drogue, a mené récemment des raids dans le sud de la Syrie, près de la frontière commune.

Quant à l’EI, ses combattants cachés dans le désert syrien ont renouvelé depuis le début de l’année leurs attaques contre les troupes du régime de Bachar al-Assad.

Acil Tabbara/AFP

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