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La réunion de Paris II, qui s’est tenue vendredi dernier, aurait débouché sur des pourparlers pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza entre des experts d’Égypte, du Qatar, des États-Unis et d’Israël, ainsi qu’une délégation du Hamas. Ces pourparlers auront lieu à Doha et seront suivis d’autres, au Caire, afin de parvenir à un accord de trêve et d’échange de prisonniers et de détenus, selon ce qui a été discuté lors de la récente réunion à Paris.

Il est ainsi prévu que les combats s’arrêtent pendant une journée pour chaque prisonnier israélien libéré par le Hamas. Comme il est prévu de libérer 40 détenus, cela signifie un arrêt des hostilités de six semaines. Un nombre différentiel de détenus sera défini en échange des prisonniers sécuritaires palestiniens en Israël, suivant l’équation de 10 prisonniers pour chaque otage libéré. De plus, Israël acceptera que les déplacés au sud de la bande de Gaza retournent dans leurs maisons du nord et entreprennent les travaux de reconstruction.

En conséquence, et compte tenu des progrès significatifs qui pourraient aboutir à des accords, l’optimisme grandit quant à la conclusion de l’entente avant le Ramadan. Partant, le mois de mars sera décisif. La région se dirigera soit vers un arrêt des hostilités sur les fronts de Gaza et du Liban-Sud, soit vers une guerre ouverte. On penche davantage vers la première option grâce à la pression internationale et régionale, et après l’échec d’Israël à imposer ses conditions en ignorant les demandes du Hamas.

Dans ce contexte, les responsables de sécurité des parties en conflit et des États concernés se sont réunis en France en fin de semaine pour consolider l’accord de Paris, après de départ d’Israël. Paris II devrait se conclure par l’annonce d’une trêve du Ramadan, mais la question demeure: et après?

Un responsable arabe ayant participé à Paris II a révélé l’existence d’un plan sécuritaire et politique qui sera mis en œuvre après la trêve, incluant la libération des prisonniers et des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Ce plan s’accompagnerait d’une démarche politique pour mettre en place un projet politique basé sur la solution à deux États, ainsi que des arrangements sécuritaires à Gaza avec la formation d’une force militaire égyptienne sous l’égide des Nations Unies.

Par ailleurs, un responsable français a déclaré que la France agit à plusieurs niveaux pour aider à parvenir à un accord sur la "trêve du Ramadan" et pour mettre fin aux hostilités au Liban-Sud. Cela, afin de restaurer le calme et la stabilité, et commencer à mettre en œuvre la résolution 1701 et assurer les besoins essentiels de l’armée libanaise pour mener à bien sa mission.

C’est ce qui explique la tenue d’un sommet franco-qatari à Paris, en prélude à la conférence de Rome, qui se tiendra début mars, pour aider l’armée. Il vise à examiner les moyens d’aider l’armée à assurer la sécurité au sud du pays, après le retrait des armes et des combattants, pour arriver au nord du Litani, conformément à l’initiative franco-américaine. À ce stade, le Liban entrera dans une nouvelle phase politique et sécuritaire avec l’accord de cessez-le-feu.

D’un autre côté, des cercles politiques ont résumé le contenu de l’initiative française et américaine remise par l’émissaire américain, Amos Hochstein, lors de sa dernière visite, et comprendrait les trois phases suivantes:

Assurer un cessez-le-feu et la fin des opérations militaires des deux côtés des frontières libano-israéliennes, simultanément avec un cessez-le-feu à Gaza.

Remettre la sécurité de la zone internationale démilitarisée entre les mains de l’armée libanaise et de la Finul, conformément à la résolution 1701, en insistant sur l’interdiction du port d’arme dans cette zone, en particulier pour les membres du Hezb de la région. Cette mesure sera accompagnée du renforcement des sanctions contre toute personne portant des armes ou attaquant les forces armées ou la Finul. La mission devra être menée par étapes.

Le retour de l’émissaire américain Amos Hochstein. Il devrait avoir lieu après avoir obtenu d’Israël des concessions sur les 13 points frontaliers litigieux et travaillé à les stabiliser à partir du point B1, à Naqoura, jusqu’à Chebaa, avec un retrait israélien de ces points et leur remise à une force internationale, et en ignorant la demande du Liban d’en reprendre le contrôle. En effet, ces territoires seraient libanais, selon la reconnaissance syrienne dans la déclaration commune du sommet libano-syrien qui a eu lieu à Damas, en août 2008, entre les présidents Michel Sleiman et Bachar el-Assad. Celle-ci stipulait "le retrait d’Israël des fermes de Chebaa libanaises, des collines de Kfarchouba et de la partie nord de Ghajar, comme le prévoient les résolutions des Nations unies".

L’action des Cinq pour élaborer une feuille de route qui sera promue localement en élisant un président et en formant un gouvernement technocrate, loin du sectarisme, et en commençant à mettre en œuvre les réformes.

L’acheminement des aides au Liban, selon un plan de sauvetage, élaboré par les Cinq avec certains pays donateurs, conditionné par l’élection d’un président et le fait d’assurer la stabilité, la sécurité et la sûreté au Liban.

Selon certaines informations, ces aides porteraient sur la reconstruction rapide du Sud, l’échange avec le Hezb se limitant à la reconstruction et non à la question de la présidence.

Selon les milieux du Quintet, ce plan nécessite des personnes qualifiées pour sa mise en œuvre, à travers le choix judicieux du président, du Premier ministre, des ministres et de l’équipe de travail. Dans ce contexte, des milieux politiques européens ont transmis des informations selon lesquelles le Hezbollah serait plus strict sur la question de la présidence après l’arrêt des combats à Gaza et la fin des opérations militaires au Sud. Il craint, en effet, qu’un président ne le poignarde dans le dos, cherchant à restreindre la résistance, à limiter ses mouvements, à mettre fin à ses opérations et à cibler sa présence, en adoptant la logique de l’opposition qui affirme que les opérations du Hezb sont menées suivant un agenda iranien. C’est pourquoi le duopole chiite insiste sur son candidat, Sleiman Frangié, et cherche à le promouvoir régionalement, si aucun accord n’est trouvé concernant un troisième candidat par le Quintet.

Le scénario proposé dans la région est désormais clair dans ses grandes lignes, nonobstant quelques ajustements sur certains détails. Ces données sont établies malgré la position américaine refusant un arrêt définitif des hostilités, car cette position est liée aux élections présidentielles américaines. En effet, plus les élections approchent, plus le président Joe Biden se rapproche du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour des considérations électorales, renforçant ainsi la position d’Israël.

En revanche, les forces palestiniennes et arabes demandent à Israël de respecter les résolutions internationales et la solution à deux États qui était acceptable dans les négociations précédentes, mais ne l’est plus aujourd’hui.

Suite aux réunions en cours, un responsable arabe laisse présager un projet de paix complet, équitable et définitif dans la région, qui sera mis en œuvre après la trêve du Ramadan.