Les espoirs de trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza se sont à nouveau éloignés jeudi, alors que la guerre qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts est entrée dans son sixième mois dans le territoire palestinien, assiégé et frappé par la famine.

Face au désastre humanitaire et au lourd bilan parmi la population civile, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte espéraient arracher un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.

Mais la délégation du Hamas qui participait à ces discussions au Caire a quitté, jeudi, la capitale égyptienne pour des "consultations", a annoncé à l’AFP un haut responsable du mouvement islamiste.

"Les réponses initiales" fournies par Israël "ne répondent pas aux exigences minimales" formulées par le Hamas, a déclaré ce responsable.

Les négociations "ne sont pas rompues" et les "divergences s’estompent", a toutefois souligné l’ambassadeur des États-Unis en Israël, Jack Lew.

Les discussions entamées dimanche au Caire, sans représentant israélien, portaient sur une possible trêve de six semaines associée à une libération d’otages retenus à Gaza en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que sur l’entrée d’une aide accrue dans le territoire palestinien.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

Mais le Hamas réclame, avant tout accord sur une libération des otages, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Israël rejette ces conditions et assure que son offensive se poursuivra jusqu’à l’élimination du Hamas. Il exige que le Hamas fournisse une liste précise des otages encore vivants à Gaza. Le Hamas a dit ignorer qui était "vivant ou mort" parmi eux.

Nouveaux largages aériens d’aide

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivaient sans répit, faisant 83 morts dans la bande de Gaza en 24 heures, selon le ministère de la Santé.

Dans le petit territoire soumis par Israël à un siège total, 2,2 millions de personnes, selon l’ONU, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine.

L’aide humanitaire, soumise au feu vert d’Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l’Égypte, alors que les besoins sont immenses.

La situation est particulièrement grave dans le nord, où les pillages, les combats et les destructions rendent presque impossible l’acheminement de l’aide pour environ 300.000 habitants.

Dans ce contexte, les États-Unis et d’autres pays ont effectué jeudi de nouveaux largages aériens d’aide à Gaza.

Des avions militaires de Jordanie, des États-Unis, de France, des Pays-Bas, de Belgique et d’Égypte ont participé à l’opération, a indiqué l’armée jordanienne dans un communiqué.

Des avions "C-130 américains ont largué plus de 38.000 repas" sur le nord de Gaza, a indiqué sur X le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, Centcom.

La piste d’approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, pays de l’UE géographiquement le plus proche de Gaza.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation.

"Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre", a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, mercredi sur X.

Selon le ministère de la Santé à Gaza, au moins 20 civils, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation.

Mort silencieuse

"Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux", a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra.

Les États-Unis, principal allié d’Israël, ont redoublé de pressions ces derniers jours sur les deux camps tandis que la Chine a appelé jeudi à un "cessez-le-feu immédiat", qualifiant la guerre à Gaza de "honte pour la civilisation".

Pour parvenir à la "victoire totale", Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l’extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés, selon l’ONU, près d’un million et demi de Palestiniens.

Les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de Khan Younès, une ville située à quelques kilomètres au nord de Rafah, laissant derrière eux d’immenses destructions après des semaines de combats.

Selon des témoins, les combats se poursuivaient jeudi dans le nord, à Zeitoun, un secteur de la ville de Gaza, et dans le sud à Al-Shouka, un village proche de Rafah, ainsi que dans la partie ouest de Khan Younès. Plus de 30 frappes israéliennes ont visé Rafah et le quartier de Hamad à Khan Younès, ainsi que le centre et le nord du territoire, selon le service de presse du Hamas.

Par Adel Zaanoun, avec Mathieu Gorse à Jérusalem / AFP