L’Espagne et l’Union européenne ont rendu un hommage solennel lundi aux 192 victimes de 17 nationalités, assassinées il y a vingt ans jour pour jour à Madrid dans des attentats qui marquèrent le début des attaques islamistes de masse en Europe.

Le jeudi 11 mars 2004, peu après 7h30, à l’heure de pointe, dix engins explosent en l’espace de quelques minutes à bord de quatre trains de banlieue dans la gare d’Atocha. Depuis, le 11 mars est célébré comme la "Journée européenne de commémoration des victimes du terrorisme".

Ces attentats à la bombe revendiqués par Al-Qaïda, l’organisation jihadiste dirigée par Oussama ben Laden, sont les plus meurtriers jamais survenus en Europe, si l’on excepte l’explosion, en 1988, au-dessus de Lockerbie, en Écosse, du vol 103 de la Pan Am, qui fit au total 270 morts.

Organisée par la Commission européenne, la cérémonie s’est déroulée à la Galerie des Collections royales, un musée situé près du Palais royal à Madrid. Elle est présidée par le roi Felipe VI et la reine Letizia, et s’est déroulée en présence notamment de la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.

"Nous savons que nous ne sommes pas seuls", a déclaré dans son allocution d’ouverture le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, se référant aux 27 États membres de l’UE "unis dans la diversité".

De nombreux autres hommages sont prévus tout au long de la journée. Le premier s’est déroulé à 9h locales sur la célèbre "Puerta del Sol", avec la participation du maire de Madrid et de la présidente de la région, qui ont déposé une gerbe.

Sur les lieux où les bombes explosèrent il y a vingt ans, des parents de victimes, mais aussi des habitants de Madrid ont déposé des bouquets de fleurs, des bougies ou des portraits de personnes qui perdirent la vie.

À la gare d’Atocha, épicentre des attentats, des passants se recueillaient devant un mémorial souterrain de couleur bleu cobalt inauguré la veille au soir et qui remplace un précédent monument, démonté en raison de travaux d’extension d’une ligne de métro.

Confrontée depuis plusieurs décennies à une campagne sanglante du groupe séparatiste basque ETA, l’Espagne a la triste habitude des attentats à la bombe, mais n’a jamais été visée par une attaque de cette ampleur.

Les attentats du 11-Septembre aux États-Unis, qui firent près de 3.000 morts, ont eu lieu deux ans et demi plus tôt, mais l’Europe ne pense pas encore automatiquement à Al-Qaïda.

"Ce 11 mars 2004, il y a 20 ans jour pour jour, le terrorisme islamiste a frappé l’Europe massivement pour la première fois", a déclaré à Arras (nord de la France) le Premier ministre français Gabriel Attal.

"Cette date reste comme une cassure pour notre continent, a-t-il ajouté lors d’une cérémonie, en mémoire des victimes. Nous avons compris que, nous aussi, nous étions des cibles. Nous l’avons compris durement, si durement."

Christian Chaise / AFP