Un premier navire transportant de l’aide humanitaire était en route vers Gaza depuis Chypre mardi 12 mars, tandis que le Maroc envoyait des secours par voie terrestre via Israël.

Un premier bateau chargé de vivres a quitté Chypre mardi pour la bande de Gaza au bord de la famine et bombardée quotidiennement par l’armée israélienne, une agence de l’ONU dénonçant une "guerre contre les enfants" dans le territoire palestinien assiégé.

Quatre bateaux de l’armée américaine ont parallèlement quitté une base des États-Unis, avec une centaine de soldats et l’équipement nécessaire à la construction d’une jetée et d’un quai à Gaza pour l’acheminement de l’aide d’humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l’installation sera prête "d’ici 60 jours".

La communauté internationale cherche à diversifier les voies d’acheminement d’aides vers Gaza alors que la guerre entre Israël et le Hamas palestinien fait rage depuis plus de cinq mois sans espoir de trêve, longtemps espérée pour le mois de jeûne du ramadan qui a débuté lundi pour la plupart des musulmans.

Face à la catastrophe humanitaire, des pays arabes et occidentaux parachutent chaque jour depuis plus d’une semaine des aides et ont mis en place avec l’Union européenne un couloir maritime vers le territoire palestinien dévasté et assiégé par Israël depuis le 9 octobre.

Mais avec la grande majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza menacés par la famine, l’ONU répète que cette assistance ne peut se substituer à la voie terrestre, contrôlée par les autorités israéliennes et qui n’entre qu’au compte-gouttes.

"Bien plus grand"

Selon le ministère de la Santé à Gaza, au moins 27 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation, dont des enfants.

Malgré les pressions internationales, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est déterminé à "détruire" le Hamas après l’attaque menée le 7 octobre par des commandos de ce mouvement infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël. Au moins 1.160 personnes ont été tuées, la plupart des civils, selon un décompte établi par l’AFP à partir de sources officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont été également enlevées et emmenées à Gaza; 130 s’y trouvent encore, dont 32 déclarées mortes par Israël.

En représailles, l’armée israélienne a lancé une campagne massive de bombardements contre le territoire exigu contrôlé par le Hamas depuis 2007, suivie 20 jours plus tard d’une offensive terrestre, qui ont fait jusqu’à présent 31.184 tués, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé de l’enclave.

Alors que la population attend désespérément de l’aide, un bateau appartenant à l’ONG espagnole Open Arms a quitté le port chypriote de Larnaca, distant d’environ 370 km de Gaza, en empruntant un couloir humanitaire mis en place par l’UE et plusieurs pays.

Chypre, pays de l’UE le plus proche de Gaza, a annoncé préparer un second chargement, "bien plus grand".

"Vertigineux"

La semaine dernière, un haut responsable américain avait néanmoins souligné la nécessité d’un cessez-le-feu pour permettre aux partenaires humanitaires de distribuer "en toute sécurité une aide vitale dans toute la bande de Gaza, à l’échelle nécessaire".

Le Maroc a lui aussi annoncé avoir envoyé 40 tonnes d’aides via l’aéroport de Tel-Aviv au point de passage de Kerem Shalom, entre le sud d’Israël et le nord de Gaza. Un "itinéraire terrestre inédit" selon Rabat.

"Cette guerre est une guerre contre les enfants", a écrit sur X le patron de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

"Vertigineux. Le nombre d’enfants présumés tués en seulement quatre mois à Gaza est plus élevé que le nombre d’enfants tués en quatre ans dans l’ensemble des conflits à travers le monde", a-t-il dit en référence aux chiffres de l’ONU selon lesquels 12.193 enfants ont péri dans des conflits dans le monde entre 2019 et 2022.

"Nous détruirons le Hamas"

En dépit de plusieurs sessions de négociations, les pays médiateurs – États-Unis, Qatar, Égypte – ne sont pas parvenus à arracher un accord de trêve accompagné d’une libération d’otages.

"Nous ne sommes pas près d’un accord", a déclaré le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed al-Ansari, selon qui les discussions se poursuivent.

Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’UE, le mouvement palestinien réclame un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord. Ce qu’Israël refuse en exigeant une liste précise des otages encore vivants.

M. Netanyahou a répété mardi que "pour gagner cette guerre, nous devons détruire les bataillons restants du Hamas à Rafah", où sont massés selon l’ONU près de 1,5 million de Palestiniens vivant dans l’angoisse d’une offensive terrestre israélienne. "Nous détruirons le Hamas et libérerons nos otages (…)."

Adel Zaanoun et Mathieu Gorse / AFP