Des millions d’électeurs russes sont appelés aux urnes à partir d’aujourd’hui, pour un scrutin qui se déroule sur trois jours, à l’occasion d’une élection présidentielle sans suspense, qui devrait offrir un nouveau mandat à Vladimir Poutine.

Les Russes votent depuis vendredi pour trois jours de scrutin présidentiel voué à réélire triomphalement Vladimir Poutine, en l’absence de toute opposition. Une élection que des assaillants venus d’Ukraine tentent de perturber en attaquant des régions russes frontalières.

Les bureaux de vote ont ouvert à 8h locales vendredi (20h GMT jeudi) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux régions reculées de l’Extrême-Orient russe. Ils fermeront dimanche à 20h (18h GMT) à Kaliningrad, enclave russe au sein de l’Union européenne.

À 6h GMT, les bureaux de vote étaient ouverts dans l’ensemble de ce pays aux onze fuseaux horaires. Le vote se déroule sur trois jours, y compris dans les territoires occupés par la Russie en Ukraine ou encore en Transnistrie, territoire séparatiste prorusse de Moldavie.

Peu avant le début du scrutin, le chef de l’État, Vladimir Poutine, 71 ans, dont 24 au pouvoir, a enjoint à ses compatriotes à ne pas se "détourner du chemin" en ces temps "difficiles", en allusion aux conséquences de l’assaut qu’il a lancé contre l’Ukraine il y a plus de deux ans et qu’il présente comme une guerre de survie face à l’Occident.

Le président sortant fait face à trois candidats sans envergure qui ne s’opposent ni à l’offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition, culminant avec la mort en prison mi-février du détracteur du Kremlin Alexeï Navalny. Le seul opposant à avoir tenté de se présenter, Boris Nadejdine, a vu sa candidature rejetée et toute critique de l’offensive russe est passible de lourdes peines de prison.

Mourir en prison

La veuve d’Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a appelé pour sa part les Russes à protester en allant voter pour n’importe lequel des candidats, à l’exception de Poutine.

Elle a aussi appelé les Russes soutenant l’opposition à se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à 12h (9h GMT), pour montrer qu’ils sont nombreux. En réaction, le parquet de Moscou a mis en garde jeudi contre toute forme de protestation.

Les autorités russes ne tolèrent plus aucune critique depuis le début de l’offensive en Ukraine, en février 2022. La plupart des opposants d’envergure sont soit en exil, soit en prison, comme des milliers d’anonymes. Nombreux sont aussi ceux qui craignent en voir d’autres mourir derrière les barreaux, comme Navalny.

La victoire de Vladimir Poutine à ce scrutin lui permettra de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2030 et de se représenter alors pour rester aux commandes jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. Il avait fait réformer la Constitution à cette fin en 2020.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a "félicité" avec ironie, vendredi, M. Poutine "pour sa victoire écrasante lors des élections qui débutent aujourd’hui", ajoutant sur X: "Pas d’opposition. Pas de liberté. Pas de choix."

Les États-Unis ont déjà critiqué ce scrutin, dénonçant en particulier les "simulacres d’élections organisées dans les territoires ukrainiens occupés" par l’armée russe.

La diplomatie ukrainienne a appelé la communauté internationale à rejeter le résultat de ce vote, qu’elle qualifie de "farce".

Avec AFP