Retour sur les événements au Soudanm ravagé depuis un an par une guerre entre l’armée et les paramilitaires qui a fait des milliers de morts et plus de 8,5 millions de déplacés, selon l’ONU.

Le conflit oppose le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d’État de 2021, à son ancien adjoint Mohamed Hamdane Daglo, également connu sous le nom de Hemedti, qui est le chef des Forces de soutien rapide (FSR), une unité paramilitaire.

En 2021, les deux généraux avaient évincé ensemble les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute en 2019 du dictateur Omar el-Béchir. Mais ils se sont ensuite divisés sur la question de l’intégration des paramilitaires dans l’armée.

Début des combats

Le 15 avril 2023, peu après un nouveau report de la signature d’un accord censé relancer une transition démocratique, des tirs et des explosions retentissent à Khartoum.

Les forces paramilitaires revendiquent la prise de plusieurs infrastructures clés. L’armée mène des frappes aériennes contre des bases de paramilitaires.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU suspend le 16 son aide, après la mort de plusieurs humanitaires dans des combats au Darfour, vaste région de l’ouest frontalière du Tchad.

Civils armés au Darfour

Des milliers d’habitants de Khartoum fuient les combats, de nombreux pays évacuent leurs ressortissants.

Au Darfour, déjà le théâtre d’atrocités dans les années 2000, l’ONU signale fin avril que des armes sont distribuées à des civils et prévient que le conflit ravive des affrontements ethniques.

Une trêve conclue le 25 avril sous l’égide des États-Unis et de l’Arabie saoudite vole rapidement en éclats, les FSR et l’armée s’accusant mutuellement de violer le cessez-le-feu. D’autres trêves connaîtront le même sort.

 L’armée quitte les négociations

Le 31 mai, l’armée suspend sa participation aux négociations de paix dans la ville portuaire saoudienne de Jeddah. Ses forces bombardent les paramilitaires à l’artillerie lourde à Khartoum.

Washington annonce le 1ᵉʳ juin des sanctions contre des entreprises associées à l’armée et aux paramilitaires, et des restrictions de visas pour des responsables des deux camps.

Le 7, les paramilitaires annoncent la prise du plus important complexe militaire du pays, à Khartoum.

Le 14, l’armée mène ses premiers raids aériens sur la ville d’El-Obeid (sud).

Promesse d’aide

La communauté internationale promet le 19 juin quelque 1,5 milliard de dollars d’aide au pays.

Le 25, les paramilitaires revendiquent la prise du QG de la police à Khartoum, tandis que dans le sud qui borde l’Éthiopie, un groupe rebelle ouvre un nouveau front contre l’armée.

Le 8 juillet, un raid de l’armée tue des dizaines de civils dans un quartier résidentiel de Khartoum.

Enquête sur des crimes de guerre au Darfour

Le 14 juillet, la Cour pénale internationale (CPI) ouvre une enquête sur de possibles crimes de guerre au Darfour, notamment des violences sexuelles et des ciblages de civils en raison de leur appartenance ethnique.

Mi-août, la guerre gagne deux nouvelles grandes villes, El-Facher au Darfour et El-Foula au Kordofan-Ouest, alors que les combats s’intensifient à Khartoum.

Le 25, l’ONU estime que la guerre et la faim menacent d' "emporter " tout le Soudan, où des centaines de milliers d’enfants mal nourris risquent de mourir.

Affrontements à Port-Soudan

Le 18 septembre, des affrontements éclatent à Port-Soudan (est), où le général Bhurane a établi sa base après que le QG de l’armée, à Khartoum, a été assiégé par les FSR.

Les négociations de paix parrainées par les États-Unis et l’Arabie saoudite reprennent le 26 octobre à Jeddah avec la participation de l’organisation est-africaine Igad, sans succès.

En décembre, Washington accuse les deux camps d’avoir commis des " crimes de guerre ".

Espoir d’aide humanitaire

En février 2024, les belligérants acceptent une réunion de l’ONU sur l’aide humanitaire.

Les paramilitaires contrôlent désormais la majorité de la capitale, la quasi-totalité du Darfour et ont pénétré dans l’État d’Al-Jazira (centre-est).

Fin mars, Washington dit espérer une possible reprise des discussions " le 18 avril ou aux alentours ".

Pascale Juilliard, avec AFP