L’Iran a annoncé, dimanche, à l’aube avoir mené samedi, une attaque "ponctuelle" de drones depuis son territoire contre Israël qu’il a mis en garde contre toute riposte. Tel Aviv a promis de réagir.

L’attaque de drones, lancée tard dans la nuit de samedi à dimanche, par l’Iran contre Israël, semble limitée dans le temps, Téhéran ayant pris soin de le préciser avant même que les projectiles n’atteignent leurs cibles.

 

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L’annonce a été faite à partir du siège de l’ONU à New York, comme si l’Iran a voulu montrer qu’il agissait en conformité avec les lois internationales. C’est donc sa mission diplomatique aux Nations Unies qui a indiqué, dans un communiqué, que "l’action militaire iranienne, menée conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies sur la légitime défense, était une riposte au raid du régime sioniste contre nos bâtiments diplomatiques à Damas".

"Nous pouvons considérer l’affaire terminée, mais si le régime israélien commet une autre erreur grave, la riposte iranienne sera plus violente", selon le communiqué, qui met en garde les États-Unis contre toute intervention.

"Ceci est un conflit entre l’Iran et le régime israélien. Les États-Unis doivent se tenir à l’écart", a indiqué la mission diplomatique iranienne.

L’Iran a lancé plus de 200 drones et missiles vers Israël dont la "vaste majorité" a été interceptée sans conséquences graves, seule une base militaire ayant subi "des dégâts mineurs", a annoncé un porte-parole de l’armée israélienne dans la nuit de samedi à dimanche.

"Le régime en Iran a lancé un essaim massif de 200 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière", a déclaré le contre-amiral Daniel Hagari dans une allocution télévisée, soulignant que l’attaque était encore "en cours".

"Un certain nombre de missiles iraniens sont tombés en territoire israélien, provoquant des dégâts mineurs sur une base militaire, mais sans faire de victimes", a-t-il ajouté.

Plusieurs détonations suivies de sirènes d’alerte ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans le ciel de la Syrie, du Liban et de la Jordanie.

Au moins cinq détonations dans le ciel de Jérusalem ont été entendues vers 01h45 locales (22h45 GMT). Les sirènes d’alerte ont également été activées dans la région du Negev, dans le sud d’Israël, mais aussi dans le nord, a indiqué l’armée. Selon les médias iraniens, au moins un drone a "frappé avec succès une base aérienne israélienne qui a servi, dans le Negev, de base de lancement du raid contre nos bâtiments à Damas".

Il s’agit de la première attaque directe jamais menée par la République islamique d’Iran contre le territoire d’Israël, son ennemi juré.

Dans le même temps, les alliés de l’Iran, le Hezbollah et les Houthis ont mené des attaques anti-israéliennes, le premier en tirant des roquettes sur le Golan occupé par Israël, et les seconds en lançant des drones en direction du territoire israélien.

Des signes annonciateurs

Les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, avaient confirmé le lancement des drones, qui avait été précédé de signes annonciateurs d’une attaque imminente : niveau d’alerte relevé en Israël qui a annoncé la fermeture des écoles et l’annulation de toutes les activités qui étaient prévues pour dimanche, fermeture des espaces aériens en Jordanie et en Irak, pendant que le président américain, Joe Biden, interrompait d’urgence un déplacement personnel pour revenir à Washington, "afin de tenir une réunion sur le Moyen-Orient".

Autant de signes qui laissent supposer que Téhéran a averti ses ennemis, par ses propres canaux, de sa volonté d’attaquer. Une thèse que confortent les propos d’un responsable israélien qui, selon la chaîne Al-Arabiya, "n’a as voulu ni confirmer ni infirmer des informations selon lesquelles Téhéran aurait informé Tel Aviv du timing et de la nature de sa riposte" au raid de Damas.

Pas de riposte imminente

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dont l’armée est engagée dans une guerre à Gaza, a aussitôt réuni, après l’attaque, son état-major et ses proches collaborateurs dans une pièce bunkérisée en un lieu tenu secret, selon ses services.

Selon les médias israéliens, "le cabinet de guerre israélien a décidé d’attendre la fin des attaques pour décider de la riposte adéquate".

Alliés historiques d’Israël, les États-Unis ont indiqué qu’ils se "tiendront aux côtés du peuple d’Israël", après avoir annoncé vendredi l’envoi de renforts dans la région.

 

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"Drones tueurs"

L’attaque a été menée autour de 23h 30. "En réponse aux nombreux crimes commis par le régime sioniste, notamment l’attaque contre la section consulaire de l’ambassade d’Iran à Damas et le martyre d’un groupe de commandants et conseillers militaires de notre pays en Syrie, l’armée de l’air des Gardiens de la révolution a tiré des dizaines de missiles et de drones sur des cibles spécifiques à l’intérieur des territoires occupés (Israël)", a déclaré la télévision d’État iranienne en citant les Gardiens.

"L’Iran a lancé des drones depuis son territoire en direction d’Israël", a déclaré à son tour Daniel Hagari, le porte-parole de l’armée israélienne, dans une allocution télévisée, peu après 23H00 (20H00 GMT).

"Nous surveillons de près les drones tueurs envoyés par l’Iran et en route vers Israël", a dit le contre-amiral Hagari. "Nous travaillons en étroite collaboration avec les États-Unis et nos partenaires afin d’agir contre les lancements et de les intercepter."

Cette "attaque directe lancée depuis le sol iranien" est une "escalade grave et dangereuse", a-t-il encore dit.

D’autres "vagues de drones" visant Israël sont possibles, a prévenu un responsable militaire.

Après l’attaque iranienne, Israël a fermé son espace aérien dimanche à 00H30 locale (samedi à 21h30 GMT).

"Régime diabolique"

Dans les minutes ayant suivi le début de l’opération, baptisée "promesse honnête", le compte X du Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a republié un message affirmant : "le régime diabolique va être puni".

La Jordanie et le Liban, voisins d’Israël, ont annoncé la fermeture de leur espace aérien, de même que l’Irak, frontalier de l’Iran. Également voisine d’Israël, l’Égypte a annoncé la mise en état d’alerte maximale de ses défenses aériennes.