Le président américain Joe Biden a signé, mercredi, une loi autorisant l’octroi à l’Ukraine d’une aide militaire dont elle a désespérément besoin. Il a déclaré que Washington commencerait à envoyer une nouvelle aide à Kiev dans les heures qui viennent.

"C’est un investissement dans notre propre sécurité", a déclaré, mercredi, Joe Biden, après avoir signé un vaste plan d’assistance à l’Ukraine, à laquelle il a promis d’envoyer des équipements militaires dans les "heures" qui viennent.

La loi, qui prévoit 61 milliards de dollars d’aide militaire et économique pour Kiev, "va renforcer la sécurité de l’Amérique et la sécurité du monde", a estimé le président américain, en reconnaissant que le processus législatif avait été "difficile".

"Nous ne nous inclinons devant personne. Personne. Et sûrement pas devant (le président russe) Vladimir Poutine", a encore déclaré le démocrate de 81 ans.

"Nous n’abandonnons pas nos alliés, nous les soutenons. Nous ne laissons pas les tyrans gagner, nous nous opposons à eux. Nous n’assistons pas, en spectateurs, aux évolutions du monde, nous les façonnons", a-t-il encore déclaré, en saluant le consensus politique trouvé entre les parlementaires démocrates et un certain nombre d’élus républicains, après des mois de "difficiles négociations", autour du texte.

"Voilà ce que cela signifie d’être une superpuissance mondiale", a encore assuré Joe Biden, qui réclamait ces fonds depuis des mois.

La loi a reçu, mardi, un très large soutien au Sénat américain, après avoir été adoptée quelques jours plus tôt à la Chambre des représentants, l’autre composante du Congrès américain.

Sur les réseaux sociaux, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit "reconnaissant envers le Sénat des États-Unis pour avoir approuvé une aide vitale pour l’Ukraine".

De son côté, le Kremlin en a minimisé la portée. "Tous les nouveaux lots d’armes sont sûrement déjà prêts et ne changeront pas la dynamique sur le front", a déclaré, mercredi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

"Des munitions" plutôt que "nos garçons"

Les États-Unis sont le principal soutien militaire de Kiev, mais le Congrès n’avait pas adopté de grande enveloppe pour son allié depuis près d’un an et demi – principalement en raison de querelles partisanes.

Le président américain et le Parti démocrate sont restés favorables à cette aide.

Les républicains, emmenés par Donald Trump, sont devenus de plus en plus réticents, et le patron conservateur de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a longtemps bloqué le texte.

Le chef républicain au Congrès a fini par soutenir la reprise de l’aide militaire et économique, avec cette justification: "Je préfère envoyer des munitions à l’Ukraine qu’envoyer nos garçons se battre."

Ce plan d’aide autorise aussi le président Biden à confisquer et à vendre des actifs russes pour qu’ils servent à financer la reconstruction de l’Ukraine. Une idée qui fait son chemin auprès d’autres pays du G7.

Une grande partie de l’enveloppe servira par ailleurs à reconstituer les stocks de l’armée américaine et reviendra aux usines d’armement aux États-Unis.

À Washington, on espère que ce nouvel afflux d’aide américaine encouragera les autres alliés de l’Ukraine à suivre le mouvement, en livrant, eux aussi, des équipements militaires, ce qui reste à voir.

Les chefs des gouvernements britannique et allemand ont ainsi promis, mercredi, un soutien militaire "inébranlable" à l’Ukraine, mais le chancelier Olaf Scholz continue de refuser la livraison de missiles de longue portée à Kiev.

Aurélia End et Camille Camdessus, avec AFP