Les critiques à l’encontre du Qatar sur son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas palestinien en guerre dans la bande de Gaza ont entraîné une "riposte" du petit émirat du Golfe à l’encontre de ses détracteurs, un phénomène rare, estiment des analystes.

Le Qatar, qui accueille la direction politique du Hamas depuis 2012 avec la bénédiction des États-Unis, est engagé depuis des mois dans des pourparlers en coulisses sur une éventuelle trêve et sur la libération d’otages enlevés en Israël le 7 octobre lors de l’attaque du Hamas et retenus depuis à Gaza, en échange de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Mais face à l’enlisement des discussions et aux appels, notamment d’Israël et des États-Unis, invitant le Qatar à faire pression sur le Hamas, l’émirat a prévenu qu’il pourrait se retirer de son rôle de médiateur.

Cette semaine, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, a déclaré que la décision de réévaluer son rôle était motivée par la frustration engendrée par les attaques politiques, notamment de la part de membres du gouvernement du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

"À bout de souffle"

Pour Neil Quilliam, analyste du Moyen-Orient, la réaction du Qatar était contraire aux normes de médiation car "les médiateurs n’ont pas l’habitude de riposter", a déclaré à l’AFP ce spécialiste de Chatham House.

Mais les Qataris "ont pris tellement de coups de la part des Israéliens, de Netanyahou directement, et de membres du Congrès (américain), que je pense qu’ils sont à bout de souffle", a déclaré M. Quilliam. Aux yeux de l’expert en géopolitique James Dorsey, la réponse du Qatar était une "riposte".

Il est également "stupéfiant que l’une des parties censées avoir besoin de cette médiation s’en prenne au médiateur", a-t-il dit en référence aux critiques israéliennes.

En janvier, le Qatar a déclaré que M. Netanyahou avait nui aux négociations après la diffusion d’enregistrements dans lesquels le Premier ministre israélien qualifiait Doha de médiateur "problématique" en raison de ses relations avec le Hamas. Un mois plus tard, M. Netanyhanou s’est adressé à des dirigeants juifs américains en disant qu’il fallait faire pression sur le Qatar pour que le Hamas libère les otages israéliens, affirmant que le mouvement palestinien dépendait financièrement de l’État du Golfe.

M. Ansari a répondu que le Qatar rejetait ces "accusations vides de sens", que les versements de l’aide qatarie allaient à la population de Gaza plutôt qu’au Hamas et qu’ils étaient effectués en totale coordination avec Israël et les États-Unis, comme le sait "personnellement" M. Netanyahou.

"Intérêts fondamentaux"

Pour M. Dorsey, la réponse du Qatar a été particulièrement ciblée sur les critiques des États-Unis, qui "touchent vraiment les intérêts fondamentaux du Qatar", car les relations étroites de Doha avec Washington constituent "l’une de ses lignes de vie en matière de sécurité".

La monarchie du Golfe accueille la plus grande base militaire américaine de la région et a été désignée par Washington comme un allié majeur non membre de l’Otan.

Début avril, l’ambassade du Qatar à Washington a publié une déclaration dans laquelle elle réprimande l’élu démocrate Steny Hoyer pour avoir appelé les États-Unis à réévaluer leurs relations avec le Qatar.

Cette semaine, M. Ansari a déclaré que les dirigeants politiques du Hamas resteraient à Doha tant que leur présence serait bénéfique à la médiation.

Callum Paton, AFP

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